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Education nationale : les raisons du déclin

Le niveau scolaire des jeunes français connait un déclin rapide susceptible de gêner les ambitions d'une économie développée. Cette baisse de niveau, évidemment complexe car dépendant du milieu social, fut longtemps niée avant d'être prouvée de manière indiscutable par de nombreux rapports, en particulier le rapport PISA de l'OCDE. Les causes de cette baisse touchant particulièrement les milieux populaires sont multiples, mais d'autant plus étouffées qu'elles s'avèrent politiquement incorrectes :
1. la massification scolaire
2. l'immigration, en particulier d'Afrique
3. la mixité
4. la crise d'autorité
5. l'abus des nouvelles technologies

L'Education nationale se distingue aujourd'hui par deux principes fondamentaux : d'un côté le désir d'excellence, hérité de la méritocratie républicaine, de l'autre la massification scolaire qui remonte aux trente glorieuses. En effet, après la seconde guerre mondiale, le spectre du communisme et l'avènement de l'Etat providence incitèrent les élites politiques à répondre favorablement aux revendications de la classe ouvrière désireuse de s'émanciper économiquement. Ainsi le ministre Haby institua le collège unique destiné à uniformiser les connaissances et à casser l'orientation précoce des élèves, permettant aux fils d'ouvriers de rêver à un autre emploi que ceux de leurs parents. La démocratisation du collège, puis du lycée et de l'université, permit aux gouvernements d'entretenir l'illusion de progrès et d'acheter la paix sociale.

Les limites de la massification scolaire


Cette massification scolaire eut des effets positifs, en particulier la formation massive de techniciens et travailleurs qualifiés dont notre économie développée a besoin. Pourtant, cette marche vers l'égalité et le progrès se grippa dans les années 80, avant qu'elle n'aboutît à un abaissement du niveau général d'instruction. Ainsi les présidents d'université se plaignent continuellement des compétences médiocres des étudiants qui multiplient les fautes d'orthographe dans les copies d'examen. Un récent rapport de l'Education nationale prouve de manière certaine une chute des connaissances en Histoire-Géographie entre 2003 et 2013. Nombre de spécialistes éducatifs brisent le tabou politiquement incorrect d'une baisse continue des exigences au baccalauréat, ainsi qu'une surévaluation du système de notation. Malheureusement, l'Education nationale peine encore à admettre l'affaissement du niveau des élèves, car cela remettrait en cause la vision égalitariste des professeurs engagés à gauche, ou plus généralement d'une population dupée par la valeur des diplômes. Cet aveuglement se retrouve également parmi les élites politiques dont les enfants bénéficient encore de l'excellence de lycées privilégiés de centre-ville, et voient donc difficilement la réalité dans nombre d'établissements périurbains. La chute de niveau n'en demeure pas moins. 

La conjugaison de plusieurs causes, et non d'une seule, peut être avancée pour expliquer ce phénomène. Nous citerons en particulier l'immigration, la mixité, la perte d'autorité, l'abus des nouvelles technologies, et plus généralement le principe même de massification scolaire.

L'effet de l'immigration


Pour commencer par la plus dérangeante des causes, il est certain que l'immigration de personnes souvent issues de classes défavorisées, permise par le regroupement familial jusqu'aux lois Sarkozy, accrut le nombre d'élèves maîtrisant mal la langue française, laquelle conditionne l'apprentissage des autres disciplines, sans parler de la culture générale. Les difficultés d'intégration sociale et culturelle vécues par les parents rejaillissent naturellement sur des élèves qui présentent parfois des troubles de comportement liés à un mal-être identitaire. Certains spécialistes nuancent cette évidence en remarquant que les résultats scolaires de la seconde génération dépassent largement ceux de leurs parents, et que les jeunes filles maghrébines par exemple présentent des résultats tout à fait enviables. Bien que ce phénomène de rattrapage existe effectivement, rien ne permet d'affirmer qu'il deviendra total au bout de la nième génération, effaçant complètement les conséquences d'une immigration d'origine prolétaire. De même l'hypothèse d'une complète assimilation située dans un avenir nécessairement lointain n'enlève rien au constat actuel sur le poids négatif d'une immigration composée de personnes défavorisées.

D'autres spécialistes remarquent que les enfants d'origine chinoise réussissent bien mieux que ceux d'origine malienne, de sorte qu'il faille nuancer en fonction du pays d'origine et du milieu socio-culturel. Mais comme l'immigration organisée en France concerne majoritairement des pays d'Afrique, parfois dépourvus d'ancienne culture écrite, ou de pays musulmans dont l'éducation des enfants s'avère moins prioritaire qu'en Asie, force est de reconnaître que l'immigration, avec toutes les exceptions et nuances que cela comporte, contribue statistiquement à la baisse des résultats scolaires.

Une mixité aux effets imprévus

La différence culturelle contribue parfois à une méconnaissance des codes sociaux, en particulier la question de la mixité chez certains élèves musulmans. Elevé en petit roi chez ses parents, le garçon musulman ne comprend pas qu'il soit dernier de la classe et vit avec une frustration extrême la réussite scolaire de sa petite s?ur. Associé aux difficultés économiques et culturelles, ce malaise produit assez souvent un rejet de l'école et peut aboutir à une violence larvée contre les bons éléments.   

Plus généralement, la mixité produit des effets collatéraux dont souffrent les garçons. En effet les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons pour différentes raisons, dont une capacité de concentration moins malmenée par une puberté moins violente. Victimes de leurs bouffées hormonales, certains garçons sont fortement perturbés par la présence féminine et peinent à se concentrer sur leurs activités scolaires. Dans les cas extrêmes, la violence sert alors parfois de défouloir à ces individus qui sont chimiquement des hommes mais mentalement des enfants.

La crise d'autorité


Les difficultés psychologiques des élèves rejaillissent naturellement sur l'ambiance d'une classe ainsi que sur l'autorité des professeurs. Certains experts pédagogiques expliquent cette perte d'autorité par les souffrances sociales des élèves. Cette explication tient pourtant difficilement, car les enfants pauvres des années 50 vivaient bien plus misérablement que les jeunes de banlieue d'aujourd'hui qui, eux, bénéficient de l'eau courante, mangent à leur faim chez Mac Donald, regardent les chaînes satellitaires, partent parfois en vacance sous le soleil du Maghreb. Pourtant les enfants pauvres des années 50 ne contestaient pas la légitimité professorale, bien au contraire. Par ailleurs la crise d'autorité touche tous les établissements, y compris bourgeois, de sorte qu'il faille abandonner sa grille de lecture marxiste pour s'intéresser aux évolutions sociétales de notre monde contemporain. Et certes, la crise d'autorité à l'école reflète la crise générale de l'autorité dans nos sociétés marquées par le libertarisme et le déclin des valeurs morales, en particulier religieuses. L'effacement des valeurs transcendantes, mise en lumière par le philosophe Luc Ferry, débouche naturellement sur un anarchisme généralisé et la contestation de toute autorité. Comme l'homme contemporain ne croit plus en un avenir meilleur permis par l'application d'un système de valeurs, qu'il soit laïc ou religieux, ce dernier conteste toute légitimité institutionnelle, en commençant par l'école.     

Mais cette crise générale de l'autorité dans notre société trouve une caisse de résonance particulière au sein du système éducatif, en particulier depuis mai 68. En effet, la crise d'autorité des professeurs est ironique, car elle survient après des années de déconstruction de l'autorité par les professeurs eux-mêmes. Comment un professeur peut-il réclamer l'obéissance si lui-même conteste de manière parfois tapageuse les nouvelles réformes de son ministre, comment peut-il se plaindre de la familiarité des élèves quand lui-même les tutoies, comment peut-il être choqués par leur accoutrement désinvolte quand lui-même s'habille sans aucun respect pour sa fonction ? Certes, tous les professeurs ne répondent pas à cette caricature, mais comme toute caricature elle contient une part de vérité, et l'élève le sait pertinemment. La culture de contestation du corps enseignant, hérité de la gauche libertaire, se retourne contre leurs auteurs. Naturellement, face à des élèves bourgeois qui bénéficient déjà des bases scolaires élémentaires, l'apprentissage de la critique et du libre-arbitraire peut aboutir au développement de l'imagination et du sens de l'initiative. Mais face à des enfants socialement défavorisés, nécessairement plus fragiles et moins enclins à bénéficier des services d'un professeur particulier, l'apprentissage du libre-arbitre crée un sentiment de confusion et d'incompréhension.

Parallèlement à l'autorité qui se délite, la société de consommation et de spectacle manipule l'esprit en lui suggérant que l'effort déployé sur des années n'est pas nécessaire pour réussir sa vie. Le succès ostentatoire de sportifs mal élevés ou d'artistes provocateurs laisse à penser que la soumission à un ordre hiérarchique rend impossible l'acquisition rapide d'une vaste fortune. A quoi sert-il d'étudier les mathématiques pour devenir un ingénieur moins bien payé que durant les Trente glorieuses, alors qu'il paraît plus simple et surtout plus lucratif de bien taper dans un ballon ? Parallèlement à ce calcul mercantile, la recherche de la célébrité, motivée justement par l'absence de sens qui crée un besoin de reconnaissance, rend inutile l'apprentissage de matières rébarbatives et ennuyeuses. Ce monde de l'image favorise les compétences éphémères, tout comme les nouvelles technologies.

L'abus des nouvelles technologies

Les nouvelles technologies, principalement Internet, exercent une influence considérable sur les élèves. Comme tout outil de communication, Internet peut enrichir l'esprit et développer les capacités cognitives s'il est correctement utilisé. Mais l'inverse peut se produire également : si aucune limite n'est imposée, Internet réduit les capacités de concentration de l'enfant, avec pour corollaire une plus grande difficulté à intégrer des connaissances complexes. Grâce aux moteurs de recherche, l'élève d'aujourd'hui excelle à conglomérer des informations qu'il n'a pas toujours lues, recyclant des idées qu'il n'a pas eu le temps de comprendre. Il fournit davantage du travail bâché, arrivant parfois à créer la confusion chez le professeur qui ne saura jamais s'il a affaire à un génie ou un copiste chanceux. Fidèle reflet de la société, l'élève répète des slogans, peinant à structurer son discours et à développer ses arguments par soi-même.

Pire même qu'Internet dont on ne soulignera jamais assez les mérites quand il est bien utilisé, les SMS appauvrissent le langage et réduisent les modes au présent et à l'infinitif. On pourrait hausser les épaules et considérer que les enfants ne sont pas dupes de cet argot moderne, sauf qu'un nombre croissant de copies d'examens sont désormais truffées de SMS, prouvant qu'un certain nombre d'élèves vivent dans leur bulle et ne réalisent pas l'existence d'un monde réel reposant sur des normes plus académiques. Mais est-ce leur faute, si l'impression donnée par leur entourage consiste en la banalisation de la médiocrité ?

L'égalitarisme contre le mérite

Plus généralement encore, c'est la massification scolaire qui engendre une massification de la médiocrité. Car comment préserver la tradition d'excellence héritée de la vieille école républicaine quand la majorité des élèves, pour des raisons diverses, n'a pas la capacité de suivre ? Dans une démocratie comme la nôtre, la pression du plus grand nombre s'exerce toujours contre les valeurs aristocratiques d'une minorité qui doit trouver refuge dans des îlots privatifs que ceinture une subtile sélection. Afin de ne pas alimenter excessivement la frustration des élèves et d'acheter la paix scolaire, les ministères successifs diffusent des recommandations d'indulgence qui virent au laxisme. L'école pour tous, slogan démagogique qui ne tient compte ni de la réalité anthropologie, ni des besoins économiques, aboutit mécaniquement à la chute des exigences et à l'abaissement du niveau. L'égalitarisme, né essentiellement d'une absence de valeurs transcendantes qui donnait autrefois sens à l'inégalité de nature, s'inscrit contre toute tentative de sélection qui ferait émerger le mérite.


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