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Primaires de la droite : des comptables et un Poisson volant

La question européenne fut largement occultée au cours du premier débat opposant les candidats aux primaires de la droite. Pourtant le transfert de la souveraineté nationale au profit de Bruxelles explique le concours de zèle comptable auquel se sont livrés les candidats. Le libéralisme vu comme horizon indépassable semble créer un consensus parmi les candidats, au risque de se couper définitivement du peuple en révolte contre les élites. Dans cet éloge à une liberté qui satisfait surtout les cadres et professions libérales, les Français découvrirent la voix discordante d'un candidat qui osa parler des fondements anthropologiques de la nation, de la famille et des corps constitués, dans la grande tradition d'une droite conservatrice que beaucoup cherchent à marginaliser.  

Une Europe qui produit des comptables

« Après moi, il n'y aura que des comptables », disait avec son cynisme coutumier François Mitterrand. Le bâtisseur du traité de Maastricht savait qu'en abandonnant la souveraineté monétaire à l'Allemagne au travers d'une BCE désinflationniste, les marges de manoeuvres françaises deviendraient étroites, et que la politique se réduirait à comptabiliser les dépenses afin de maintenir tout un peuple dans le corset des critères budgétaires.

Maintenant que l'Europe libérale impose sa monnaie unique, il devient impossible de recourir à la dévaluation pour réduire les déficits. Maintenant que l'Europe abolit les frontières, les entreprises se voient obligées d'accroître leur compétitivité afin de lutter contre une concurrence internationale impitoyable.   

La dérégulation, une préoccupation bourgeoise

Comme nous ne faisons pas le poids face à un milliard de Chinois travailleurs et dépourvus de protection sociale, il ne reste plus qu'à travailler et à se protéger comme les Chinois. Une alliance improbable émerge entre les pays émergeants, la grande bourgeoise et les nouveaux immigrés : tous ces acteurs luttent pour la destruction de l'ancienne classe prolétaire qui produit encore des biens français, s'oppose à la concentration des richesses et refuse le métissage culturel.

Du point de vue de la bourgeoisie qui constitue la majorité des auditeurs du débat des primaires, les propositions des candidats sont séduisantes : libéralisation du marché du travail, augmentation des marges pour les détenteurs de capitaux, réduction des fonctionnaires, autant de mesures que la raison et l'optimisme plébiscitent pour redynamiser un pays atone et déprimé.

Cette bourgeoisie croit être à l'abri de la concurrence immigrée ou asiatique grâce à son capital intellectuel et technique. Les prolétaires peuvent bien souffrir, la mondialisation leur confère de formidables opportunités pour travailler à l'étranger, voyager sur des îles paradisiaques, acheter des chaussures pour une bouchée de pain.

La concurrence rattrape la bourgeoisie

Malheureusement ce désir d'ouverture et de liberté risque se heurter au principe de réalité. Cette idée préconçue que l'Occident détiendra toujours, sans intervention de l'Etat, le monopole de l'innovation technologique constitue une aberration répandue parmi les intégristes libéraux qui pullulent au FMI, à l'OMC et au sein de la Commission européenne.  

Les cadres et professions libérales ont tort de se sentir à l'abri derrière leurs compétences techniques : tôt ou tard la concurrence asiatique et les systèmes informatisés auront raison de leurs talents. Après les usines, les bureaux d'études seront délocalisés en Inde, les ingénieurs électroniques seront tous asiatiques et les traders seront remplacés par des applications ultrarapides.  

Il est notoire que les SSII recrutent massivement des étudiants africains afin d'inonder le marché de leur main d'oeuvre soumise et abondante. Les informaticiens français seront obligés d'aligner leurs salaires sur cette concurrence immigrée, ou remplacés par des plateformes offshores à Bangalore.

Certaines professions à haute qualification risquent donc de souffrir d'une mondialisation toujours plus concurrentielle. Si les cadres pêchent donc par optimisme, les ouvriers modestes sont rentrés plus précocement dans une forme de rébellion politique que les candidats à la primaire ignorent superbement.

La rupture entre le peuple et les élites

La droite aurait-elle oublié que tout le monde n'a pas la chance d'être banquier, avocat ou chirurgien ? Aurait-elle oublié que la société française présente des fragilités qui interdisent des remèdes violents susceptibles de la faire succomber ?

Le discours libéral des candidats s'adresse à une clientèle réduite dont sont exclues les classes populaires. Le peuple, déjà violenté par une gauche qui le méprise, risque de se détourner d'une droite qui n'assume plus son lien charnel avec la nation au sens organique. Bien que traversé de contradictions sur des sujets minés comme l'avortement ou le mariage gay, le peuple a la juste intuition que le libéralisme intégral amène logiquement le libertarisme, et que ce libertarisme hérité de mai 68 oeuvre à la destruction des structures naturelles comme la famille ou la patrie. L'abolition des frontières naturelles conduit à une immigration massive qui sert de terreau fertile à l'islamisme et à la criminalité. Le peuple, confronté tous les jours aux revendications communautaires, à la session des territoires et aux émeutes urbaines, ne peut que rejeter une overdose libérale qui aggrave une maladie plus anthropologique qu'économique.  

Car de NKM à François Fillon, tous les candidats à la primaire oeuvrent à une dépénalisation décomplexée de la drogue libérale. Tous, sauf Jean-Frédéric Poisson.

La révélation Poisson

Seul contre tous, Jean-Frédéric Poisson fut la vraie surprise de ce débat. Mis dans un bocal par les médias parce que fidèle à des valeurs cathodiquement incorrectes, le député catholique prit de la hauteur présidentielle en évoquant les maux sociaux plus graves encore que les défaillances comptables.  

« Mon seul regret est que ce débat fut essentiellement comptable, et qu'on a peu parlé de politique » affirma avec raison ce docteur en philosophie. Animé de clairvoyance, Jean-Frédéric Poisson désigne les vraies causes du déclin français, en particulier le poids de mai 68 qui précipite la France dans l'abîme. Mu d'une sérénité aquatique, connaisseur de son milieu, Jean-Frédéric Poisson veut sauver la France qui coule en remettant les priorités politiques dans le bon ordre vertical : d'abord le peuple, ensuite l'économie.

Incontestablement son analyse mérite l'approbation des militants de droite en recherche d'un candidat de rupture avec le libertarisme ambiant. En cette époque de bouleversements majeurs, sa parole paradoxalement libre et décomplexée permet d'envisager une refondation idéologique d'une droite qui doit se guérir d'une tendance mimétique de la gauche. Cette refondation passe par l'unité du peuple de droite qui transcende les appareils carriéristes, ce qui suppose d'entamer un dialogue constructif avec une jeune garde du Front National qui a fait la preuve de son attachement à la famille et à la France. A ces conditions seulement pourrait émerger une synthèse nationale qui réponde aux vrais angoisses des Français, et projette notre pays dans la voix d'un redressement qui tienne sur le long terme.

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