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La droite a-t-elle encore un avenir ?

marion-bellamy

La déconfiture des Républicains aux européennes semble démontrer la fin de l'ancien clivage appelé « gauche-droite » au profit d'un autre clivage opposant rapidement les mondialistes aux nationaux. Tous les partis qui ne se positionnent pas clairement sur cette nouvelle ligne de fracture, tels les Républicains ou le Front de gauche qui cumulent les ambiguïtés sur l'Europe ou l'immigration, sont vouées à une lente asphyxie, écrasés par les deux piliers de la politique qui incarnent le plus efficacement ces deux visions antinomiques du monde : d'une part l'attachement aux racines, à l'identité et à la nation, en l'occurrence le RN, d'autre part la fascination pour le mouvement, la relativité et le refus des frontières, en l'occurrence la LREM.

Cette clarification de l'offre politique, qui s'observe dans tous les pays confrontés à la mondialisation, pousse les partis politiques à choisir leur camp, avec des succès plus ou moins heureux. Le pari identitaire de Wauquiez n'était pas absurde, mais la contradiction avec son électorat bourgeois, libéral et mondialiste lui aliéna les couches sociales supérieures sans lui permettre d'attirer les couches populaires parties au RN et devenues profondément méfiantes depuis le hold-up sécuritaire de Sarkozy en 2007. Wauquiez paye les contradictions d'une droite profondément hétéroclite, entre libéraux, socio-gaullistes et catholiques conservateurs, et dont le seul lien consistait dans le partage des postes et prébendes une fois arrivée au pouvoir.

Maintenant que cette perspective du pouvoir s'éloigne, les divisions doctrinales reprennent le dessus, conduisant la droite à l'éclatement. Est-ce à dire que le PS et les LR seraient voués à la disparition ? En réalité la notion de « gauche » et « droite » est relative, nécessitant de prendre un peu de recul historique.      

L'histoire de l'opposition entre droite et gauche

Depuis la Révolution, et même précédemment, la vie politique se structure toujours entre deux pôles opposés, entre deux camps qui s'affrontent sur un enjeu perçu comme fondamental par les contemporains. Or cet enjeu évolue au cours des époques.

L'extinction des grandes questions religieuses depuis le siècle des Lumières a laissé place à des enjeux laïques, dont le premier consistait depuis la Révolution et tout le long du XIXième siècle au choix de l'organisation politique : royauté ou république. La droite, autrefois clairement catholique et royaliste, défendait le principe monarchique, avec plus ou moins de radicalité comme l'illustre l'opposition entre les modérés orléanistes et les ultras légitimistes, tandis que la gauche voulait imposer la république.

Dès les législatives de 1876, la gauche républicaine a remporté cette bataille contre la droite royaliste qui disparut presque totalement du paysage politique. On pourra mesurer l'ambiguïté du pseudo-royaliste Adolphe Thiers dont le retournement en faveur de la république rappelle l'ambigüité actuelle de la bourgeoisie avec la gauche. L'appel au ralliement à la République du pape Léon XIII et la condamnation de l'Action française par le pape Pie XI en 1926 achevèrent de déstabiliser les catholiques qui perdirent tout espoir d'imposer une société régie par le Christ-roi. Les catholiques désertèrent le champ politique pour se retrancher dans l'activisme social en faveur des plus démunis.

Désormais plus personne n'ose remettre en question le fonctionnement républicain de nos institutions, et le fait que la droite anciennement royaliste revendique l'appellation de « Républicain », du nom même du parti d'extrême gauche emmené par Léon Gambetta, traduit bien la défaite morale et idéologique de la droite sur la question des institutions, laissant place à un clivage d'autre nature.

En effet la Révolution industrielle a considérablement bouleversé les structures sociales traditionnelles, poussant les couches laborieuses issues de la paysannerie à se regrouper pour défendre leurs droits, pour les plus modérés sous la conduite de l'activisme social catholique dont la Joc est un exemple, pour les plus radicaux sous la conduite des marxistes.  

L'avant-dernier clivage entre collectivisme et libéralisme

Aussi, durant tout le XXième siècle, l'enjeu principal résidait dans l'organisation économique : collectivisme ou libéralisme. Mais rien ne pouvait laisser présager que le collectivisme serait défendu par la gauche, et le libéralisme par la droite.

Il serait erroné de penser que la droite a toujours été libérale. En réalité le libéralisme est bien une notion issue de la gauche, puisque reposant sur la foi en l'individu détaché de toute appartenance religieuse. Seul l'émergence du marxisme, qui s'est imposé à gauche et a donc chassé les libéraux obligés de s'entendre avec leurs anciens adversaires catholiques, donne cette impression de migration des idées politiques de la gauche vers la droite analysée par de nombreux politologues dont Réné Rémond dans son livre « les trois droites ».

Mais pourquoi le marxisme s'est-il naturellement imposé à gauche ? Il aurait très bien pu occuper un espace à l'extrême-droite, s'il s'était conjugué avec la défense des frontières économiques et s'il avait revendiqué la défense des plus pauvres contenue dans le catéchisme de l'Eglise catholique. Depuis l'encyclique « Rerum novarum » de Léon XIII, l'Eglise avait opté pour un virage social qui aurait pu laisser entrevoir une compréhension réciproque entre les collectivistes politiques et les activistes chrétiens opposés au libéralisme.
   
La clé de cette énigme réside peut-être dans le parcours religieux de la plupart des penseurs marxistes. Pour des raisons liées à la concomitance entre leur émancipation politique et l'actualité de la cause ouvrière hostile aux pouvoirs en place, la plupart des penseurs marxistes étaient d'origine juive non pratiquante. Marx, Engels, puis Rosa Luxembourg, Lénine et Trotski, partageaient tous ce point commun : à la fois indifférente au virage social de l'Eglise par leurs origines, mais hostile à leurs propres familles issues de la bourgeoisie israélite. L'athéisme était donc pour eux la seule issue pour faire oublier leurs racines juives au prolétariat d'origine chrétienne. Cet athéisme virulent, par opposition à la droite catholique, allait donc bien positionner le marxisme à l'extrême-gauche, alimentant dramatiquement l'antisémitisme des années 30, avec les conséquences terribles que l'on sait.

La victoire du libéralisme

Heureusement le marxisme s'est écroulé, entraînant le discrédit du socialisme et la victoire du libéralisme. Cette fois, c'est la droite qui a remporté la bataille, du moins pour sa composante libérale. Les partis dits socialistes se sont convertis au libéralisme, sous la férule d'un Jacques Attali, Laurent Fabius ou Alain Moscovici. Cette disparition du marxisme allait avoir de nombreuses conséquences sociologiques et politiques, déplaçant des corps entiers d'électorat entre la droite et la gauche.

D'une part, le libéralisme enfin libéré de la pression marxiste allait pouvoir reprendre sa position d'origine, à gauche. Emmanuel Macron est l'incarnation typique de cette bourgeoisie, libertaire sur le plan sociétal, libérale sur le plan économique, hostile à tout enracinement professé par la droite.

D'autre part, la fin de cette détestable confusion entre marxisme et judaïté allait pouvoir libérer nos compatriotes israélites de l'hostilité issue de la droite, leur ouvrant ainsi la voix d'un rapprochement avec les forces identitaires d'extrême-droite. Charles Maurras serait très étonné d'apprendre que ses fils et filles intellectuels s'appellent désormais Eric Zemmour, Elisabeth Lévy, William Goldnael?

Enfin, le peuple libéré de l'illusion marxiste allait se détacher progressivement de la gauche redevenue libérale, se tournant vers des forces politiques offrant de meilleurs garanties contre une mondialisation humaine et financière de plus en plus oppressante, forces actuellement incarnées par l'extrême-droite.   

La mondialisation serait-il le nouvel enjeu du XXIième siècle ?

La mondialisation est devenue le phénomène majeur depuis la fin du XXième siècle. Vantée pour ses vertus ou décriée pour ses abus, elle change radicalement notre modèle socio-économique et nous précipite dans une concurrence impitoyable avec le reste du monde. Ses effets sont plus ou moins positifs en fonction du niveau social et des compétences professionnelles que l'on dispose, avec des conséquences évidentes sur le plan politique.

Très grossièrement, la mondialisation favorise les couches sociales aisées bénéficiant d'un haut niveau d'expertise ou d'un patrimoine financier conséquent. A l'inverse, elle bloque l'évolution sociale des ouvriers confrontés au chantage des délocalisations et à la baisse des tarifs engendrée par la concurrence internationale. Les premiers revendiquent leur optimisme en votant pour Macron, les seconds ne peuvent échapper au pessimisme et plébiscitent Le Pen. Un dialogue de sourds s'installent entre ces deux catégories sociales que toute oppose : bourgeoisie contre prolétariat, villes contre campagnes, libéralisme contre protectionnisme. Avec toujours un biais en faveur des premiers, puisque le monde intellectuel et journalistique est issu de la bourgeoisie, ce qui explique l'appétence des couches populaires pour les moyens alternatifs d'information sur Internet.  

Toutefois, la dimension purement économique de la mondialisation ne semble pas suffisante pour expliquer cette coupure entre les deux France, la France des élites et la France du peuple. En effet la mondialisation a des effets d'autant plus complexes qu'elle permet également une élévation du niveau de vie des ouvriers salariés qui peuvent passer leur vacances en Thaïlande pour un prix modique, ou s'acheter des vêtements fabriqués en Chine pour pas cher. Dans le sens inverse, elle expose également les couches supérieures qui pêchent par orgueil en s'estimant à l'abri de la concurrence internationale, alors que les ingénieurs d'Alsthom ou Renault devraient s'inquiéter de la percée des trains ou voitures chinoises dans le monde ou même sur le vieux continent.

Autre preuve de l'insuffisance de l'explication économique, pourtant mise  en avant par les journalistes : les forces populistes, censées incarner ce malaise du prolétariat vis-à-vis de la mondialisation, font d'excellents scores électoraux dans des pays riches et prospères comme la Norvège ou la Suisse qui offrent les meilleures garanties économiques contre les délocalisations, puisque reposant sur la manne pétrolière ou une industrie de pointe.

En réalité, c'est bien la dimension humaine de la mondialisation, en l'occurrence l'immigration, qui crée cette dangereuse coupure entre les élites et un peuple qui se sent comme dépossédé de son propre territoire par des immigrés jugés envahissants.  

L'immigration, le facteur décisif

Déclinée dans sa dimension humaine, cette mondialisation entraine une immigration massive qui bouleverse le visage de notre civilisation millénaire.

Comme expliqué, l'impact économique de l'immigration n'explique pas clairement son rejet, puisqu'elle occasionne des effets variables selon qu'on ait besoin d'une nounou à domicile ou qu'on recherche un emploi d'ouvrier faiblement qualifié. Dans sa dimension économique, l'immigration est généralement perçue positivement par les politiques qui oublient souvent que l'immigration est un frein technologique qui retarde la robotisation des tâches manuelles tout en abaissant le niveau éducatif des élèves.

En réalité l'immigration n'est pas rejetée en raison de son impact économique, mais des changements culturels et ethniques qu'elle engendre. Ces changements s'accompagnent d'une violence objective due à un choc de cultures profondément antinomiques.

Terrorisme islamique, délinquance issue de l'immigration, bandes organisées venant du Maroc ou des Balkans, harcèlement sexuel, rap misogyne et agressif, racisme anti-français, fuite des petits-blancs et des juifs des banlieues islamisées, autant de réalités que les couches populaires perçoivent plus nettement que les bourgeois retranchés derrière leurs digicodes parisiens.  

A cette insécurité physique s'ajoute une insécurité culturelle qui dépasse largement le cadre des zones sensibles et entretient la peur d'un grand remplacement. La multiplication des mosquées flambants neuves et l'omniprésence du voile islamique sont autant de signes inquiétants d'une colonisation à l'envers, les « indigénistes » ayant même l'habilité de renverser le sens des mots et le poids de la charge en se revendiquant « indigènes » et traitant les petits-blancs de « colons », alors que ce sont justement les islamistes qui colonisent la France et que les vrais indigènes sont justement les petits-blancs obligés de fuir leurs lieux de naissance. Est-ce normal que les français de souche aient quasiment disparu de la ville de Saint-Denis, cette terre sacrée où sont enterrés nos rois ?

L'immigration impactant davantage les couches populaires, il est logique qu'elles soient davantage sensibles à ses effets en votant Le Pen.

Pour autant, il serait faux d'affirmer que les bourgeois aiment les immigrés puisque votant majoritairement pour Macron. En réalité les bourgeois se méfient des immigrés plus encore que les prolétaires, seulement ils sont assez individualistes et égoïstes pour profiter économiquement de l'immigration tout en laissant cyniquement aux couches populaires le soin de gérer les dégâts collatéraux produits par l'arrivée massive de migrants islamisés. Leur individualisme de classe était autrefois tempéré par la prégnance de la religion catholique, mais la rapidité avec laquelle les électeurs de Fillon se sont ralliés à Macron, par ailleurs favorable à l'avortement et à la GPA, prouve que le catholicisme est devenu un vernis culturel au sein de la bourgeoisie, et que le véritable dieu de cette classe consiste au veau d'or.   

La décomposition des Républicains en deux blocs

Cette évolution sociologique de la bourgeoisie augure d'une lente décomposition des Républicains en deux blocs distincts appelés à rejoindre d'une part Macron, d'autre part Le Pen.

Le premier bloc consiste dans les classes bourgeoises qui préféreront toujours le parti de l'argent actuellement incarné par Macron qui eut l'adresse de supprimer l'ISF, quoiqu'en pensent les médias. Naturellement cette captation de la bourgeoisie exige de vraies baisses d'impôts et des résultats économiques probants pour la fidéliser. Si les résultats économiques dépendent d'une conjoncture incertaine, Macron peut réduire le poids de la fonction publique et le nombre de fonctionnaires afin d'amorcer une véritable baisse des prélèvements obligatoires. Son hésitation sur le sujet, en raison de son ambiguïté avec la gauche, risque de décevoir un électorat qui a fait la preuve de sa versatilité.    

Le deuxième bloc des Républicains, les catholiques conservateurs, n'ont pas d'autres choix que de se rattacher à la mouvance identitaire incarnée par le RN. Si l'appareil des Républicains devait être récupéré par les élus Macron-compatibles, ce qui semble assez probable, les catholiques conservateurs seraient orphelins sur le plan politique, et Sens Commun se ridiculiserait à soutenir des candidats qui approuvent le mariage homosexuel. La nouvelle génération issue de la « Manif pour tous » n'acceptera jamais de se faire cocufier une deuxième fois par des cadres souvent affiliés à la franc-maçonnerie et toujours prompts à entériner les évolutions sociétales de la gauche, comme le PACS et maintenant la GPA. Si le franc-maçon Baroin devait s'imposer à la tête du parti, d'une part les Républicains ne retrouveront jamais leurs électeurs partis chez Macron, d'autre part ils s'aliéneraient le vote catholique désormais en phase avec l'identité chrétienne de la France rappelée par le RN.
 
L'élargissement nécessaire du RN

Après la captation de l'électorat populaire issu du parti communiste, le RN doit désormais songer à accueillir ces nouveaux électorats issus des Républicains. Comme l'affirme justement Marion Maréchal, l'actuel RN est nécessaire mais pas suffisant pour gagner le pouvoir suprême. Ce parti manque de cadres, et le ralliement probable des catholiques conservateurs serait une opportunité pour renforcer la force de réflexion et de proposition d'un parti qui offre une analyse pertinente sur la mondialisation, la perte de nos racines et la décadence de notre société relativiste. Le RN actuel semble approuver l'analyse de la jeune retraitée de la politique appelée à un grand avenir, laissant entrevoir l'émergence d'un grand parti fédérant les classes populaires et les classes bourgeoises traditionnelles afin d'oeuvrer à la restauration de la France.
 

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