Cette peur de la sortie de l'euro procède de raisons aussi bien subjectives qu'objectives. Les médias ont naturellement fait campagne pour l'euro véhicule de la mondialisation, et l'isolement politique du Front National a contribué à discréditer toute vision alternative de l'économie. En clair, si Marine Le Pen avait fait campagne contre l'urbanisation sauvage, il y aurait des intellectuels en France qui se serait pris d'une passion citoyenne pour le bétonnage intégral de notre territoire, par simple désir schizophrène de se distancer coûte que coûte d'un parti rappelant « les heures les plus sombres de notre histoire ».
Avec un tel matraquage médiatique orienté par de puissants groupes financiers, il n'est pas étonnant que des économistes sérieux partisans d'un abandon de l'euro comme Jacques Sapir n'aient pas été écoutés. De même, le prix Nobel Joseph Stiglitz ou l'ancien gouverneur de la banque d'Angleterre n'ont pas osé mêler leurs voix aux avertissements du Front National, alors qu'ils partagent exactement la même ligne. Même le nouveau président Emmanuel Macron pense que la zone euro est menacée d'explosion si aucune réforme structurelle n'est entamée en France.
L'euro, un handicap connu mais jamais remis en question
Pourtant les handicaps de l'euro sont connus et méritent d'être rappelés. Appliqué à des économies présentant des niveaux de développement différents, l'euro contribue à aspirer les richesses vers le coeur économique de l'Europe, en l'occurrence l'Allemagne, au détriment des pays moins avancés du littoral méditerranéen.
Les zones moins développées ne peuvent compenser leurs handicaps relatifs par une dévaluation compétitive, afin de retenir l'investissement, le tissu industriel et l'emploi. La Grèce est condamnée à vendre des produits de moindre qualité au même prix que les producteurs allemands, ce qui provoque la ruine de l'industrie grecque, la fuite des jeunes talents vers les grandes métropoles allemandes, l'appauvrissement généralisé de la population. Le PNB de la Grèce s'est rétracté de 30% depuis la crise de 2008, et sa croissance demeure toujours négative en 2016 malgré une forte cure d'austérité.
Un euro fort qui prend modèle sur le deutschemark
Cet effet déplorable de l'euro en tant que monnaie unique est accentué par la volonté allemande de maintenir une monnaie forte. Cette politique de l'euro fort fut imposée par les Allemands lors du traité de Maastricht : les Allemands acceptaient de renoncer au deutschemark, symbole de l'Allemagne des trente glorieuses, à condition de la remplacer par une monnaie similaire comme l'euro. La phobie allemande de l'inflation, qui rappelle les troubles économiques de l'Allemagne avant l'accession de Hitler au pouvoir, explique ce refus d'une inflation modérée mais profitable aux emprunteurs. Le mandat confié à la Banque centrale européenne, déconnecté de tout contrôle politique, consiste à chasser toute forme d'inflation qui pourrait spolier les vieux retraités allemands.
L'euro fort profite naturellement à l'Allemagne tournée vers l'exportation de biens industriels à haute valeur ajoutée. Les réformes structurelles de Schröder et le tassement des salaires ont accentués les gains de compétitivité de l'Allemagne face à ses voisins européens. L'Allemagne profite de sa position centrale en Europe, depuis la chute du mur de Berlin, pour aspirer les ingénieurs espagnols ou italiens et délocaliser ses usines dans son arrière-cour polonaise ou hongroise.
Une redistribution insuffisante
Normalement, dans une nation digne de ce nom, les inconvénients d'une monnaie commune sont compensés par des transferts massifs de richesse des métropoles riches vers les régions moins avancées. Les contribuables de New-York ou de Paris payent pour financer les infrastructures du middle-west ou de la Corrèze, et ne demandent pas aux habitants des régions rurales de financer eux-mêmes les écoles et les routes qu'ils utilisent.
L'Europe prévoit un fonctionnement similaire mais nettement moins ambitieux, avec un budget européen de 145 milliards d'euros, soit 7% celui de la France, qui sert à financer les subventions et investissements européens.
Comble du paradoxe, les riches luxembourgeois sont les grands bénéficiaires de cette redistribution avec un solde positif de 2 300 euros par an et par habitant, en partie lié au coût des institutions européennes. Les lettons bénéficient également d'un solde de 700 euros par an et par habitant, quand un français paye plus qu'il ne reçoit à hauteur de 143 euros par an, surtout depuis la réduction de la PAC dans le budget européen.
Ces redistributions demeurent largement insuffisantes pour les pays les plus fragiles, car si un citoyen grec bénéficie d'une redistribution nette positive de 480 euros par an, soit 4% d'un SMIC, cette redistribution ne compense pas la rétraction de 30% de la richesse nationale depuis 2008.
Le maintien de la zone euro fut donc objectivement défavorable aux Grecs. La Grèce souffre d'un poids d'une dette que les Allemands refusent d'épurer, et se retrouve dans une spirale d'où ils elle ne peut se sortir sans renoncer à cette monnaie inadaptée à leur économie.
Dans ces circonstances, l'abandon de l'euro devient une alternative intéressante, et pas seulement pour les pays méditerranéens. L'adaptation de la monnaie à la réalité économique locale permet de flexibiliser la compétitivité des pays membres, retenant ainsi l'investissement et l'emploi. Bien sûr, la sortie de l'euro suppose une phase de transition plus ou moins douloureuse avant que le différentiel de compétitivité ne permette de renouer avec la croissance. Etudions ce qui se passerait concrètement en cas de sortie unilatérale de l'euro à l'initiative de la France.
Le scénario d'une sortie de l'euro
D'après l'économiste Jacques Sapir, la nouvelle monnaie « euro-franc » connaîtrait une dévaluation immédiate sur les marchés, de l'ordre de 30% par rapport à l'euro réduit au mark. L'instauration de la nouvelle monnaie nationale entraînerait la déflagration entière de la zone euro, de sorte que les pays méditerranéens seraient également contraints d'abandonner la monnaie unique et d'opter pour une euro-lire ou un euro-drachme encore plus dévalués que l'euro-franc. Ainsi, paradoxalement, l'euro-franc s'apprécierait de 5% par rapport à l'euro-lire. Sur les marchés internationaux, l'euro-franc chuterait de 10% par rapport au dollar et au yen.
Ces dévaluations différenciées rendent très critiquable l'affirmation selon laquelle une dépréciation du franc entraînerait une hausse des prix de 10%. Car la hausse ou la baisse des prix dépendent du profil économique des acteurs, en fonction de leur exposition aux produits importés. Mais pour le consommateur lambda que nous sommes, beaucoup de paramètres économiques resteraient inchangés, ou faiblement impactés.
Le cas d'un salarié moyen
Prenons un salarié français qui touchait 1500 euros par mois, payait un loyer de 500 euros, s'était endettée pour 10 000 euros auprès d'une banque française, disposait de 10 000 euros de PEL. Après la sortie de l'euro, ce salarié se retrouve du jour au lendemain avec 1500 d'euro-francs de salaire, un loyer de 500 euro-francs, une dette de 10 000 euro-francs et un PEL de 10 000 euro-francs. Autrement dit, il se retrouve dans la même situation qu'avant la sortie de l'euro.
De son point de vue, le prix du pain serait inchangé. Si ce salarié consomme des fruits et légumes espagnols ou apprécie le mobilier italien, il se réjouirait de constater une baisse des prix de 5%, en raison du taux de change différencié entre l'euro-franc et l'euro-lire. Si le salarié utilise une voiture, il constaterait une inflation modéré du prix de l'essence. En effet, le prix du pétrole indexé sur le dollar augmenterait de 10%, mais comme 85% du prix de l'essence est constitué de taxes, le prix à la pompe n'augmenterait que de 1,5% seulement pour notre salarié français.
Grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables, l'exposition de la France à la facture pétrolière est bien plus faible aujourd'hui qu'en 1973. Le baril est monté en 2012 à 120 dollars, soit 2 fois plus qu'aujourd'hui, sans créer de marasme économique majeur. Un pétrole modérément plus cher de 10% n'aurait donc pas d'impacts significatifs, et même serait souhaitable pour développer les énergies alternatives et réduire une dépendance malsaine avec les pays du Golfe.
Pour revenir à notre salarié, imaginons qu'il reçoive une grosse prime et qu'il décide de s'acheter une Porsche Cayenne. Dans ce cas précis, il constatera une hausse de 30% de son modèle fétiche, mais se consolera en apprenant que les voitures françaises ou italiennes peuvent se substituer à son désir de consommation. En optant pour un modèle plus réduit et moins énergivore, il réconciliera son portefeuille, son souci écologique et aussi ses chances de trouver une place en centre-ville.
Enfin, les voyages aériens s'apprécieraient de 10% pour notre salarié enrichi, ce qui ne l'empêchera pas de se faire plaisir une fois par an. Rappelons que seulement 14% des français partent en vacances à l'étranger, soit une minorité par rapport à la masse des Français. Là encore, si notre salarié désire se baigner sur les rives de la Baltique, il risque d'être un peu refroidi par les prix. Mais s'il opte finalement pour la Costa Brava, son sens de l'économie sera réchauffé.
Une sortie de l'euro surtout gênante pour les classes dirigeantes Evidemment l'avantage d'une sortie de l'euro est moins évident pour un cadre dirigeant qui gagne 7000 euros par mois, prend régulièrement l'avion entre Paris et New-York, passe ses vacances à Bali, achète des tableaux chez Christie's et se fournit en selle de cheval à la Tannerie Gal. Pour ce représentant typique des élites mondialisées qui représente à peine 1% de la population, le coût de sa consommation augmenterait fortement. Cette exposition des classes riches à la sortie de l'euro explique pourquoi les médias et les groupes financiers ont massivement soutenu le maintien dans la zone euro.
Globalement, les jeunes actifs de la classe moyenne tireraient leur épingle du jeu d'une sortie de l'euro, à l'inverse des classes dirigeantes ou des retraités aisés. Les classes populaires peuvent également bénéficier d'un regain de recrutement dans les usines françaises, en raison d'une hausse de la compétitivité hexagonale.
La substitution des produits importés
Car l'inflation de certains produits importés redonne de la compétitivité aux produits fabriqués en France. Alors qu'il est à la mode de produire local et de ne pas polluer la planète en raison des transports à longue distance, on peut s'étonner que la substitution des produits importés par les produits français ne crée pas l'enthousiasme, sauf justement à souligner l'hypocrisie des classes dirigeantes qui donnent des leçons de morale tout en dévorant des fraises chiliennes en hiver. La réduction du circuit entre le producteur et le consommateur figure pourtant parmi les objectifs des multinationales qui investissent dans les pays développés afin de réagir plus rapidement à la demande. La contrainte environnementale, la réactivité commerciale et le protectionnisme économique ne sont donc pas antinomiques.
Le différentiel de compétitivité avec le reste du monde devrait redonner de la vigueur à la production française de biens intermédiaires, surtout en direction de l'Allemagne. Le FMI admet qu'une dépréciation de la monnaie de 10% crée un surplus d'activité de 1,5% en moyenne. Jacques Sapir estime que la sortie française de l'euro engendrerait une création nette de 1,5 millions d'emplois sur 3 ans. Pourvu naturellement que l'immigration soit immédiatement arrêtée, la baisse drastique du chômage devrait augmenter les cotisations et réduire les dépenses sociales, renflouant les caisses de l'assurance-chômage ou de la sécurité sociale. L'inflation contre la déflation
Cette stratégie inflationniste de la sortie de l'euro se distingue de la stratégie déflationniste préconisée par les europhiles comme François Fillon ou Emmanuel Macron. La politique déflationniste consiste à écraser les salaires nets, donc la consommation, avec des résultats catastrophiques comme en Allemagne sous le chancelier Brunning entre 1930 et 1932, en Angleterre sous la direction de Ramsay Mac Donald ou encore avec Pierre Laval en France. La dépréciation de la monnaie est toujours préférable à la déflation, car elle préserve les équilibres financiers entre les acteurs internes et libère l'entrepreneur de la mainmorte du passé comme l'affirme Keynes dans son livre « A tract on monetary reform ». Elle permet la redistribution des cartes en faveur de ceux qui prennent des risques et développent de nouvelles activités malgré le poids des dettes accumulées.
L'inconvénient de la dette
Durant la campagne présidentielle, le principal angle d'attaque des partisans de l'euro consistait à dénoncer l'inflation de la dette qui croit avec la dévaluation de l'euro-franc.
Cette critique entre en résonnance avec l'angoisse légitime des Français concernant une dette déjà insoutenable mais que les euro-philes comme Chirac, Sarkozy ou Hollande ont pourtant contribué à laisser filer jusqu'à atteindre 97% du PIB.
Dans le scénario d'une sortie de l'euro, l'Etat français convertirait probablement ses obligations pour les libeller en euro-franc. Techniquement et légalement possible, cette conversion permettrait d'alléger le poids de la dette en proportion de l'allégement des recettes libellées en euro-franc. Cette stratégie a toutefois l'inconvénient de spolier les prêteurs étrangers qui constituent 65% des détenteurs de la dette publique en France. L'érosion de leurs obligations d'environ 10% les incitera à augmenter leurs taux pour maintenir la même rentabilité. Rappelons que les taux demeurent extrêmement bas, voire négatifs depuis l'injection de liquidités massives décidés par Mario Draghi en 2016. Avec la sortie de l'euro, l'Etat français aura plus de difficultés à emprunter auprès d'institutionnels étrangers, mais les prêteurs français et surtout la Banque de France pourraient se substituer à leur retrait.
De même la dette des entreprises, composée à 33% de titres émis sur les places étrangères, ou encore 40% pour les banques et sociétés financières, serait réévaluée. Ces titres majoritairement émis en dollars seraient réévalués de 10%, soit une réévaluation globale de 3%.
La panique des créanciers et épargnants
Le scenario d'une sortie brutale de l'euro serait d'ailleurs anticipée par les créanciers et investisseurs qui se désengageraient massivement de leurs créances et investissements réalisées en France afin d'éviter la dévaluation de 10% de leurs avoirs. Les épargnants français risquent également de se précipiter aux guichets des banques pour retirer leurs euros avant de les réinvestir dans des obligations ou actions allemandes. Bien que peu probables, les images d'épargnants grecs se pressant aux portes des banques ont frappés les esprits, et prouvent une nouvelle fois que l'économie est aussi affaire de psychologie.
Certes, des restrictions légales peuvent limiter l'exode des capitaux, mais la confiance des acteurs ne peut se décider par décret. Surtout si les médias s'emploient à discréditer systématiquement un gouvernement souverainiste imposant des mesures aussi radicales sans contrepartie.
A l'inverse, cette confiance peut être restaurée si l'Etat dessine des perspectives de croissance crédibles sur le long terme. La sortie de l'euro à elle-seule ne peut résoudre les problèmes économiques de la France, tout dépendra de la politique économique pratiquée en accompagnement d'une mesure aussi audacieuse. En particulier, l'inflation prévisible du coût de la dette doit nous rappeler que les réformes structurelles demeurent indispensables, même en envisageant une sortie de l'euro à moyenne ou longue échéance.
Les réformes structurelles restent nécessaires
La meilleure façon d'esquiver l'inflation du coût de la dette consiste précisément à rétablir le budget de l'Etat à l'équilibre, afin que la France n'ait plus besoin de faire appel aux créanciers étrangers. Or le rétablissement des comptes publics, en déficit depuis 1975, suppose une réduction des dépenses publiques, une diminution ciblée des fonctionnaires territoriaux, une augmentation des recettes à travers la diminution du chômage.
Le chômage explique en partie le faible nombre d'heures travaillées en France, environ 1 500 heures par actif et par an contre 2 200 heures à Singapour, mais pas seulement. Nous sommes réellement victimes d'une société de loisirs, fondée sur l'image et le plaisir, qui dévalorise le travail, encourage l'inactivité et justifie l'assistanat.
Le poison de l'assistanat explique autant les pompes aspirantes de l'immigration que notre incapacité à nous mobiliser pour construire une nouvelle société fondée sur le travail, la famille et l'attachement à la patrie. Si nous voulons assurer notre indépendance économique, et donc moins dépendre des autres, nous devons accepter de travailler plus, de développer des énergies de substitution, de faire plus d'enfants, de recycler notre richesse nationale dans l'investissement technologique au lieu de s'endormir dans l'illusion d'une société de plaisir.
Cet ensemble de valeurs nationales, conservatrices et libérales n'a pourtant pas été défendu clairement durant la dernière élection présidentielle. En dépit de son intérêt théorique, la sortie de l'euro a semé le trouble et la confusion, limitant la capacité de rassemblement du Front National.
Quelle leçon pour la droite nationale
L'isolement politique du Front national et l'absence de relais médiatiques ont jeté un voile de suspicion sur l'idée d'une sortie de l'euro qui n'était pas nécessairement absurde.
Au lieu de crédibiliser le Front national, sa présence au sein du programme frontiste allait décrédibiliser la sortie de l'euro. Le manque d'expérience économique de la candidate patriote allait se fracasser contre la rhétorique bien rôdée d'un ministre de l'économie. Le Front National souffre de l'absence de cadres, d'universitaires et d'entrepreneurs susceptibles de crédibiliser son discours et préparer son argumentaire. Le manque de démocratie interne, l'exclusion d'intellectuels comme Aymeric Chauprade ou Paul-Marie Couteau, l'absence de participation militante explique cette faiblesse incompatible avec un grand parti à vocation gouvernementale.
Mais surtout, les électeurs du Front National ne s'attendaient pas à tant de déploiement d'énergie pour une mesure économique intéressante mais secondaire. Les gens votent Front National pour s'opposer à l'immigration, et non pour sortir de l'euro. Cette erreur de casting a empêché le rassemblement patriote au deuxième tour, car la cacophonie sur l'euro a dévitalisé le discours de fermeté sur l'immigration ou l'islam.
Un programme économique recentré sur l'inversion des courants migratoires
Pourtant, un programme économique centré sur l'arrêt, voir l'inversion des courants migratoires, demeure possible. Si nous partons de l'idée que l'Occident est menacé de submersion démographique en raison de la natalité supérieure des immigrés essentiellement musulmans, la simple réduction de l'immigration ne suffira pas, autant aborder dès maintenant le principe de retour des réfugiés politiques et économiques dans le cadre d'un partenariat durable avec les pays d'origine.
Paradoxalement, une politique économique centrée sur l'inversion migratoire ne signifie pas une surenchère médiatique pour retenir coûte que coûte l'emploi industriel. A quoi sert-il de retenir des usines automobiles si c'est pour y faire travailler de la main d'oeuvre immigrée flexible ou meilleur marché ? La délocalisation de certaines usines au Maroc ou en Algérie permettrait de justifier l'aide au retour des travailleurs immigrés dans leur pays d'origine.
De même, l'offshoring des solutions informatiques constitue une alternative à l'arrivée de milliers d'étudiants tunisiens ou algériens sur le territoire national. Ces étudiants pourront disposer d'un emploi relativement bien rémunérés pour un coût de la vie largement inférieur à celui existant en France, tout en restant au plus proche de leur cadre culturel et familial.
Un partenariat gagnant peut ainsi s'instaurer entre les deux rives de la Méditerranée : les pays du Nord maintiennent leur identité, les pays du Sud développent leur économie. Cette politique de rétention des populations dans leur pays d'origine suppose un cadre juridique et social contraignant pour les immigrés, ouvert pour les biens et services provenant de pays acceptant ce principe de retour.
Du côté du cadre contraignant, il suffirait de remettre en question l'acquisition de la nationalité française fondée sur le droit du sol depuis les années 70 et d'instaurer un statut d'expatrié pour les immigrés extra-européens. Puis de supprimer toutes les allocations familiales, aides sociales, assurances chômage dont bénéficient ces expatriés. Leurs cotisations sociales obligatoires pourraient abonder un fond de développement accessible en cas de retour au pays d'origine. Ce fond de développement servirait à accompagner leur projet de réinsertion tout en sanctionnant les profiteurs qui abusent de la générosité française. Les expatriés qui coûtent plus qu'ils ne rapportent seraient immanquablement expulsés, sur le modèle d'une ville comme Singapour qui ne tolère pas l'oisiveté.
Du côté de l'ouverture, les pays qui auront conclu un accord de réinsertion avec la France, exprimés en termes de quotas d'expatriés réinsérés dans leurs pays d'origine, pourraient bénéficier de la suppression de toutes barrières tarifaires. Par exemple si le Maroc accepte de réinsérer au moins 100 000 immigrés par an, les voitures produites à Casablanca pourront être exportées librement en France, libres de taxes et impôts. A l'inverse les pays n'ayant pas conclu de tels accords verraient leurs produits bloqués aux frontières.
Cette politique de rétention de la main d'oeuvre étrangère a été mise en oeuvre avec succès par les Japonais en Asie. Les Japonais peuvent fermer leur pays à l'immigration car ils ont massivement délocalisé leurs usines dans les pays asiatiques, et recourent à la robotique pour pallier la raréfaction de la main d'oeuvre.
Une économie de substitution technologique
A l'inverse de ce qu'affirment les mondialistes, la raréfaction de la main d'oeuvre, en particulier la main d'oeuvre immigrée, est la condition pour assurer la croissance technologique et l'innovation.
La raréfaction des ressources humaines entraîne la hausse des salaires, et donc l'intérêt financier de la robotisation. La robotisation du métro parisien, encore timide et balbutiante en raison de la pression des syndicats, pourrait alléger le recrutement sulfureux de la régie parisienne. Sur le modèle de la Google car, les taxis robotisés, voire même les bus robotisés, peuvent se substituer aux taxis prohibitifs et bus islamistes. Le domaine de la construction pourrait également profiter de l'automatisation. Toujours au Japon, des tours sont construites à l'aide de robots, réduisant l'intérêt d'une main d'oeuvre immigrée faiblement qualifiée. Bien entendu, la préoccupation écologique et la sauvegarde de notre patrimoine légitiment la réduction drastique de la construction qui défigure nos villes et dévorent nos campagnes, à raison de l'équivalent d'un terrain de football nouvellement construit toutes les 15 minutes.
Conclusion
La sortie de l'euro, bien qu'intéressante sur le plan théorique, a clairement plombé la campagne présidentielle du Front National. Les électeurs du Front National s'attendaient à un programme fondé sur l'inversion des courants migratoires, et non sur la fin d'une monnaie certes critiquable mais dont ils s'accommodent. Le Front National s'est laissée entraînée dans une aventure qui plaît à quelques énarques, certes brillants mais déconnectés de l'angoisse identitaire qui étreint la base électorale.
Pourtant, le programme économique du Front National n'a pas besoin de l'euro pour convaincre et mobiliser ses électeurs. Tout comme il est possible de penser une économie de l'après-pétrole à partir de convictions écologiques, il est possible de penser une économie libérée de l'immigration à partir de convictions identitaires. La fin de l'immigration peut entraîner des effets bénéfiques sur le long terme, autant pour les pays du Nord que pour les pays du Sud qui acceptent un partenariat de développement durable. La clé de notre réussite dépendra de la croissance technologique, conditionnée par la réhabilitation du travail et de l'effort. Autant de valeurs positives que le Front National peut déployer avec force dans le débat public, sans s'excuser de poursuivre les valeurs de la droite conservatrice, morale et identitaire.
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