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Pour une nouvelle politique carcérale

La prison serait-elle « l'école du crime » comme le pensent nombre de socialistes dont la ministre de la justice Taubira ? Face à ces slogans démagogiques qui minent le débat et manipulent les esprits, nous devons revenir aux fondamentaux et rappeler que la prison est un instrument essentiel pour assurer la paix publique. Comme notre société refuse les châtiments corporels devenus « barbares », la prison est devenue le principal instrument dissuasif pour convaincre toute personne tentée de violer la loi de renoncer à son acte criminel. En toute logique, cette dimension dissuasive explique les conditions éprouvantes de l'incarcération, car sinon la prison ne serait plus perçue comme une contrainte sérieuse et ne rentrerait plus dans le calcul des délinquants qui évaluent presque instinctivement le rapport entre gain espéré et risques encourus. 

Deuxième avantage, la prison prémunit la société des agissements d'un condamné le temps de son incarcération. Cette neutralisation des individus dangereux s'avère d'autant plus nécessaire que l'abolition de la peine capitale ne débarrasse plus notre société du risque de récidive, ainsi que le rêvait exagérément le légiste grec Dracon. Pour les éléments les plus dangereux, l'isolement social du prisonnier perd de son sens du fait de l'effacement de la perpétuité réelle. Pour la plupart des peines cependant, cet isolement temporaire n'élimine pas le problème de la réintégration sociale du condamné à l'issue de sa peine.

Car la prison a perdu également son troisième avantage potentiel, qui consiste en la reconstruction morale du prisonnier. Autrefois, les bagnes avaient pour objet de canaliser les pulsions violentes à travers les vertus du travail. Grâce au travail de ses mains, le bagnard réalisait qu'il pouvait participer à la construction des richesses collectives, et non plus être un facteur de destruction de la société. Comme tout ouvrier élaborant un ouvrage, il pouvait ressentir une fierté légitime dans l'élaboration d'un pont, d'une route ou d'une digue. Son regard sur lui-même changeait, son manque d'estime laissait place à la confiance dans la capacité créatrice de ses mains. Le travail développe également des qualités d'organisation, de collaboration et de sociabilité qui s'avèrent nécessaires pour une réintégration réussie dans la vie civile. Mais à cause de la nouvelle religion des Droits de l'homme qui met à l'index les inévitables abus d'un système forcément imparfait, le bagne fut aboli au profit de l'inactivité délétère au sein des centres pénitentiaires.   

Les ravages des cellules collectives

L'inactivité actuelle des prisonniers ouvre la voie aux influences néfastes venues des autres détenus. Finalement, à cause du recul des moyens coercitifs voulus par les droit-de-l'hommistes, la prison peine à lutter contre la recréation intra-muros du rapport exacerbé de domination qu'aiment entretenir les caïds et chefs de bandes, ces derniers ne risquant plus grand-chose puisqu'ils sont déjà en prison, précisément. Sans exagérer, le milieu carcéral est devenu un peu « l'école du crime » que dénoncent les socialistes, mais en raison du laxisme introduit par les Droits de l'homme.
 
Ce phénomène est évidemment aggravé par la promiscuité carcérale et la cohabitation de caïds avec des apprentis criminels au sein d'une même cellule. Régnant en petits tyrans, les chefs de bandes arrivent aisément à recruter des complices pour de futurs braquages, partagent de l'information sur les réseaux criminels, ou encore exhortent à une agressivité parfois teintée de djihad parmi leurs codétenus. Cette activité souterraine constitue une bombe à retardement quand les prisonniers sortiront de prison. Quant aux codétenus fragiles ou simplement différents, souvent d'ailleurs en raison de la clarté de leur peau, ils sont systématiquement persécutés et parfois atrocement battus, dans l'indifférence coupable des surveillants. Ce phénomène brutal explique la création de cellules ethniques, voire même l'enfermement individuel dont bénéficient les prisonniers atypiques, tel le manifestant anti-mariage gay Nicolas Buss qui aurait été certainement massacré en raison de son profil bourgeois s'il avait partagé sa cellule avec la faune habituelle de la jungle pénitentiaire.

Un isolement strict

Pour éviter ce double écueil, la solution réside dans la mise en place de cellule individuelle pour chaque prisonnier. Pourvu qu'elle soit complètement isolée, une cellule personnalisée prémunit le prisonnier des influences néfastes des codétenus, à la fois pour lui-même et pour le succès de sa réinsertion. Cet isolément doit être également acoustique, pour éviter le stress produit par les hurlements angoissants de quelques prisonniers perdant leur esprit.

Mais la logique de cette individualisation doit être poursuivie à son terme : pour éviter tout contact avec ses codétenus, le prisonnier doit bénéficier de promenades individuelles, de visite individuelle, et même de repas individuel pris isolément dans sa cellule. Naturellement, le corollaire réside dans un minimum de confort pour chaque cellule : présence de douche, de sanitaires, d'un bureau, d'un fauteuil.

Dans leur cellule, les prisonniers exemplaires doivent pouvoir bénéficier d'un ordinateur déconnecté d'Internet et d'un écran multimédia, à la stricte condition d'un choix préalable des applications et programmes en vertu de leur moralité indiscutable. L'accès libre aux chaînes hertziennes ne serait plus autorisé, seuls des films ou émissions absolument vierge de toute scène de sexe ou violence pourraient être diffusés, avec une préférence pour les programmes valorisant l'honnêteté, la sociabilité, le travail et la compassion. L'outil multimédia constitue également un moyen de formation professionnelle, via la diffusion de programmes adaptés au profil du détenu. Enfin, toute prison doit être dotée d'une bibliothèque recouvrant l'étendue du savoir humain, permettant aux prisonniers d'approfondir leur culture malgré leur isolement total. 

Malgré sa dureté, ce régime quasiment monacal permet une formidable ouverture sur le monde des connaissances et contribue à l'édification personnelle du détenu. La suppression de toutes les activités collectives, comme les salles de musculation ou la pratique aberrante des arts martiaux, se justifie par la nécessité de rompre complètement les liaisons dangereuses entre prisonniers, au profit d'une influence verticale destinée à élever le prisonnier à un niveau acceptable de moralité et de compétences en vue de sa réinsertion. Certes, un certain nombre de prisonniers souffriront de cette absence de contacts avec les autres détenus, risquant d'entrer en mutinerie ou de sombrer dans la folie. Le risque de mutinerie est cependant réduit par l'isolement d'un prisonnier qui ne pourra s'en prendre qu'aux murs de sa cellule. Quant au risque de folie, il est de toute façon aléatoire et ne pourrait remettre en question un ordre d'autant plus implacable qu'il offre des voies de réalisation personnelle au prisonnier.     

Le travail pénitentiaire

Le travail participe activement à cette réalisation personnelle. A l'inverse du bagne ancien où le cassage de cailloux était ressenti comme inutile, le travail pénitentiaire doit déboucher sur la création de services ou de produits dont l'utilité ne fait aucun doute. Outre les bienfaits psychologiques et moraux pour le prisonnier, le travail génère une création de richesses qui revient légitimement à la société, finançant en partie le système carcéral ou contribuant à l'indemnisation des victimes. On pourrait par exemple imaginer que sur 100 euros de richesses produites, 40 reviennent à la prison, 50 aux victimes, enfin 10 correspondent au salaire brut du prisonnier car tout travail mérite son salaire.

Mais le succès d'une réintégration sociale par le travail requiert son acceptation tacite par le prisonnier. Plus précisément, le travail forcé n'aurait aucune place, car générant une médiocre qualité et dégradant l'image de l'effort dans l'esprit du détenu. Le travail pénitentiaire doit bénéficier de l'accord du prisonnier qui pourrait choisir son type d'activité, par exemple la menuiserie, la confection, le travail textile, pourvu naturellement que ces métiers soient compatibles avec la moralité, l'isolement et la sécurité. Le détenu accepterait cette tâche laborieuse en raison de l'existence de revenus pouvant améliorer son ordinaire, en particulier alimentaire. Dans un milieu complètement isolé, le travail devient également l'occasion d'occuper ses journées et d'exercer une activité physique.

Un encadrement militaire
   
Quelques caïds ou psychopathes pourraient refuser l'instauration de cette discipline exigeante. Pour rétablir l'autorité et mater sévèrement toute entreprise de mutinerie, les surveillants de prison doivent réapprendre à utiliser les moyens coercitifs les plus extrêmes. Seuls des surveillants dotés d'une formation militaire peuvent exercer un maintien de l'ordre qui ne souffre d'aucune faiblesse face aux provocations des chefs de bande. Sous la responsabilité du directeur pénitentiaire, ils doivent inspirer le respect, sinon la crainte parmi les détenus rebelles. Toutefois, dans un système de cellule individuelle, la neutralisation d'un élément est d'autant plus facilitée qu'il suffit de supprimer totalement les interactions avec l'extérieur de la cellule pour avorter toute contagion du désordre.

Les prisons off-shore

Cette politique de cellule individuelle nécessite la construction massive de nouvelles prisons aux normes de sécurité. Pour une estimation basée sur 60 000 places manquantes, il conviendrait d'édifier une cinquantaine de nouveaux établissements pénitentiaires, ce qui est considérable. Malheureusement, les élus rechignent à la construction de nouvelles prisons dans leur commune en raison de la dégradation supposée de l'image et donc de la valeur du foncier, source importante de revenus via les taxes sur les transactions immobilières. Plus généralement, accroître les recettes fiscales pour financer de nouvelles prisons est politiquement moins porteur que promettre l'ouverture de nouvelles crèches. Ces obstacles illustrent une nouvelle fois les effets pervers d'une décentralisation génératrice d'égoïsme politique, ainsi que les limites d'une démocratie qui esquive les vrais problèmes par facilité démagogique.  

Une solution partielle serait la construction de prisons off-shore, éloignées des réticences locales et bénéficiant d'un foncier peu coûteux. Par exemple la construction de nouveaux établissements en Guyane permettrait de loger un grand nombre de prisonniers tout en renforçant l'isolement des détenus. Ce département d'outre-mer conviendrait particulièrement pour les peines longues ou la perpétuité réelle, avec sa disponibilité d'espace et même son image dissuasive entretenue par le souvenir du bagne.

D'autres pistes résolument nouvelles consistent dans la location de foncier dans des pays africains pour construire des prisons dédiées aux délinquants issus de ce continent. Naturellement, ces prisons bénéficieraient du régime d'extraterritorialité pour appliquer la loi française et intéresseraient prioritairement les délinquants en procédure d'expulsion une fois leur peine achevée.  

Conclusion
    
L'influence déplacée des Droits de l'homme dénature le système pénitentiaire dont la capacité dissuasive et préventive s'émousse au détriment de la paix sociale et du droit des victimes. Contre cette dérive, une nouvelle politique carcérale doit s'engager, parallèlement à une sévérité accrue d'une Justice qui devrait davantage s'inquiéter du sort des victimes plutôt qu'aux souffrances existentielles des coupables. Cette nouvelle politique passe par le principe de l'enfermement individuel qui facilite l'exercice de l'autorité pénitentiaire et le redressement moral du prisonnier. Le travail et la formation complètent un système orienté vers la prévention de la récidive, du moins pour les détenus jugés récupérables.

Cela suppose naturellement de construire un nombre considérable de nouvelles prisons aux normes sanitaires et sécuritaires. La disposition immédiate d'une cellule renforce la crédibilité des décisions de Justice dont 30% des peines ne sont pas effectuées à cause du manque de places pénitentiaires. Mais cet objectif reste difficile à atteindre dans le cadre d'institutions décentralisées et démocratiques qui privilégient un traitement émotif et irresponsable. Cette limite justifie précisément la nécessité d'une révolution nationale dont la capacité réformatrice touche tous les domaines, en particulier institutionnels. Seul le redressement des bases organiques de notre pays facilitera la mise en ?uvre d'une ambitieuse politique judiciaire tournée vers la protection efficace des citoyens français.

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