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Le nouvel autoritarisme vert issu du printemps arabe

Le fameux printemps arabe que nos intellectuels plébiscitaient avec tant de naïveté lors des révoltes de 2010 permit surtout l’éclosion d’un nouvel autoritarisme vert, en l’occurrence la domination des forces islamistes confirmées par les urnes. Dans tout le monde arabe, dès que la parole est donnée aux populations travaillées par le rejet viscéral  de l’Occident, les fondamentalistes musulmans remportent allègrement les élections, indépendamment de leur niveau de richesses et du rapport diplomatique avec Israël.   

Ainsi la règne solide de l’AKP en Turquie, les incontournables Frères musulmans en Egypte, l’islamisation de la constitution tunisienne, la domination des chiites conservateurs en Irak, le sinistre retour de la lapidation en Afghanistan, tous ces évènements confirment la séduction opérée par l’islam politique auprès des masses musulmanes qu’il serait abusif de qualifier d’arriérés. De toute évidence, l’arabe moyen n’adhère pas  à la prétendue universalité des Droits de l’Homme, et nos éditorialistes se trompent en prétendant que le moindre niveau de richesses ou une scolarisation incomplète suffisent à expliquer ce décalage entre les aspirations populaires arabes et européennes. Le PIB par habitant libyen dépasse celui des bulgares, le niveau d’instruction des iraniens, y compris des femmes, atteint des niveaux élevés, pourtant la loi d’Allah demeure toujours aussi attractive malgré un développement économique et social certes relatif mais bien réel. Sans insister sur l’enquête du Pew Global Attitudes Project (2003) qui nous apprend que les deux tiers des Pakistanais, la moitié des Jordaniens et des Marocains affirment avoir une bonne opinion de Ben Laden, force est de constater qu’Al-Quaïda continuent de bénéficier d’une complaisance incroyable en dépit de ses nombreux crimes, jusqu’à capter la moitié de l’audience des rebelles syriens en lutte contre le régime d’Assad. Ainsi la pente démocratique entraîne irrésistiblement vers l’islamisme, les facteurs économiques et éducatifs modulant certes la brutalité des forces islamistes, mais sans changer la nature fondamentale de cette attirance pour la loi d’Allah. Bien davantage, cette préférence culturelle semble attisée par une mondialisation mettant en confrontation deux universalismes contradictoires.

Deux universalismes en confrontation

Dans son ouvrage « The Clash of Civilizations Â» mis à l’index par les bien-pensants, Samuel Huntington affirme que les masses populaires s’identifient moins aux classes sociales depuis la chute du communisme, mais articulent désormais leur identité autour    des bases culturelles héritées des grandes civilisations. Le discrédit des critères sociaux au profit des marqueurs culturels explique la perméabilité de tous les milieux, y compris « bourgeois Â», aux thèses islamistes, comme l’illustre le niveau élevé de formation de nombreux terroristes. Cette cristallisation identitaire procède paradoxalement d’une mondialisation perçue de manière agressive, la permissivité morale de l’Occident se trouvant désormais accessible aux masses musulmanes à travers la profusion des médias, ou via une immigration faisant cohabiter des mentalités trop différentes. Motivée par le rejet de l’Occident, l’islamisation des sociétés paraît comme le reflet inverse de la libéralisation des mœurs occidentales, les femmes arabes se voilent tandis que les européennes se dévoilent. La contamination fantasmée des esprits semble une menace d’autant plus sérieuse que l’Occident revendique, à tort d’ailleurs, l’universalité de ses « Droits de l’Homme Â», lesquels rentrent logiquement en confrontation avec l’Islam convoitant la domination mondiale.

L’islam, une religion guerrière ?

Car l’erreur de l’Occident sécularisé réside dans son ignorance de la théologie musulmane. Niant les origines violentes de l’Islam, certains islamologues continuent d’affirmer sans rire que l’islam serait une « religion de paix et d’amour Â», alors que les débuts guerriers de Mahomet depuis l’Hégire prouvent éminemment le contraire. L’origine de cette tromperie réside dans le terme « islam Â» qui ne provient nullement de « salam Â» signifiant « paix Â» en arabe, mais de la racine « slm Â» signifiant « soumission Â» à la loi d’Allah. Car l’islam est fondamentalement une religion fondée sur une soumission jalouse, un rapport de force, une imposition collective qui ne laisse aucune place au libre arbitre et au sens critique. Un musulman reniant sa religion doit d’ailleurs être condamné à mort selon la charia.

Mahomet, chef de guerre et chef religieux

Depuis l’Hégire ou fuite à Médine en 622, Mahomet confirma cette tendance totalitaire en confondant politique et religion, sphère publique et intérêt privé. Homme d’Etat et chef de guerre, il conduisit des razzias contre les caravanes mecquoises partant vers la Syrie, ainsi durant la bataille du puit de Badr au printemps 624. La sourate 8 du Coran, appelée « les butins Â», garde le souvenir du partage du butin entre les guerriers et Mahomet qui s’octroyait le cinquième du profit. Plus tard, en mars 625, il faillit connaître une déroute fatale à la bataille d’Ohod perdue contre les Mecquois.

Etrange prélude à l’affaire des caricatures parues dans un journal danois, Mahomet ordonna l’exécution d’opposants politiques et d’artistes, ainsi le poète critique Kab ben Asraf (624), Al Nadr Ibn Harith qui s’était moqué de lui (624), Ocba qui supplia la clémence pour sa petite fille devenue orpheline, la poétesse Asma bint Marwan qui avait accusé le prophète d’avoir tué un vieil homme, ou encore l’apostat Ibn Abou Sahr (630).

Durant la bataille du fossé en 627, Mahomet accusa la tribu juive des Qurayza d’avoir pactisé avec l’ennemi mecquois. En représailles, il fit creuser une fosse sur la place du marché, s’assit au bord et ordonna à deux complices d’égorger successivement tous les Juifs et de les jeter dans la fosse. Selon le chroniqueur musulman Tabari, 800 prisonniers juifs, y compris de jeunes garçons, furent ainsi exterminés. Les femmes et les enfants furent déportés en esclavage.

Dans l’univers mental de l’islam, le monde est divisé en deux parties : la terre de l’islam (« dar al islam Â») et la terre de la guerre (« dar al harb Â») où habitent les infidèles que les musulmans sont appelés à combattre jusqu’à l’anéantissement. De  nombreux versets du Coran incitent à combattre les infidèles, ainsi :

(Coran s.2, v.187) : « Tuez-les partout où vous les trouverez… S’ils vous combattent, tuez-les, telle est la récompense des incroyants Â».

(Coran s.9, v.123) : « Combattez les incroyants qui se trouvent autour de vous Â».

(Coran s.67, 4) : « Quand vous rencontrez les infidèles, tuez-les jusqu’à faire un grand carnage et serrez les entraves des captifs que vous aurez faits Â».

Certes, des versets plus pacifiques existent également dans le Coran, mais provenant de la phase mecquoise, c’est-à-dire d’avant la radicalisation de l’Hégire. Or la doctrine coranique de l’abrogation affirme qu’entre deux versets apparemment contradictoires, seul le plus récent, donc issu de la phase violente postérieure à l’Hégire, doit s’imposer.

Le défi de la renaissance occidentale

Il existe donc des différences considérables dans la vision du monde qu’entretiennent Occident et Orient. L’Occident, profondément influencé par un Christianisme fondé sur l’adhésion volontaire et la séparation des pouvoirs (« Rend à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu Â») rentre en contradiction totale avec un Orient musulman qui a toujours confondu les sphères religieuses et politiques. L’héritage indo-européen de la séparation des fonctions guerrières et sacrées redécouvertes par Dumézil s’oppose également à la concentration des pouvoirs spirituels, juridiques et exécutifs entre les mains du calife.    

Ainsi la laïcité que les Occidentaux rêvent d’exporter s’avère contraire aux valeurs de l’islam authentique. Peut-être qu’un jour un réformateur musulman réussira à imposer la relativisation du Coran dans son contexte historique et une prise de distance critique touchant les actes répréhensibles de Mahomet, mais cet effort de modernisation prendra des siècles d’efforts. Avant cette heureuse issue, le « choc des civilisations Â» aura entraîné le monde dans une confrontation généralisée entre Orient et Occident.

Pour s’en prémunir, il convient de s’interroger sur la faiblesse occidentale et le manque d’attractivité de nos valeurs. Ces valeurs n’ont-t-elles pas été perverties par un libertarisme outrancier qui choque les populations attachées aux structures traditionnelles de la famille ? Déconnectés de toute éthique transcendante, notre libéralisme agnostique ne crée-t-il pas un vide spirituel qui effraye les hommes et femmes en recherche d’un sens à leur existence ? Notre impuissance démographique et notre molle acceptation de l’immigration ne traduisent-elles pas concrètement notre décadence ? Aussi la nécessaire réforme de l’islam passe par un regain de nos anciennes vertus, afin que notre modèle ne soit plus assimilé à un lâche délitement des valeurs. L’avenir de l’islam passe paradoxalement par la renaissance des valeurs morales de l’Occident.

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