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L'Europe facteur de paix ?

Selon les eurocrates partisans d'une Europe fédérale, s'opposer à la construction européenne serait s'opposer à l'héritage de paix entre des nations réconciliées depuis la seconde guerre mondiale. « L'Europe facteur de paix », tel est l'argument réducteur qui réduit les sceptiques à un sombre complot contre la paix. Cet argument facile permet d'étouffer toute vision discordante contre l'Europe mondialiste et libérale, ainsi qu'un gaz incapacitant destiné à subjuguer les peuples dépossédés de leur souveraineté.

Pourtant, la paix historique que nous vivons depuis près de 70 ans n'est nullement due au travail de la Commission, mais à plusieurs facteurs liés à l'équilibre de la terreur, à la capitulation absolue d'un vaincu ainsi qu'au relâchement démographique du vieux continent. 

L'équilibre de la terreur, véritable facteur de paix ?

Premièrement, l'équilibre de la terreur entre puissances nucléaires permit de figer les revendications territoriales et de déjouer toute guerre préventive. Rappelons que la guerre préventive produisit l'extension dramatique du conflit balkanique de 1914, né d'un acte terroriste serbe, pour emmener l'Europe occidentale dans le tourbillon de la première guerre mondiale.

En effet, alors que Guillaume II demeuraient attaché à la paix, les généraux allemands redoutaient une guerre tardive qui aurait bénéficié aux armées françaises et russes en voie de réarmement rapide. Moltke inspira à l'empereur l'initiative d'une guerre destinée à anticiper une attaque sur deux fronts, avec le résultat inverse à celui espéré. Le plan Schlieffen, brillant sur le plan tactique mais catastrophique sur le plan stratégique, viola une neutralité belge bien plus précieuse aux yeux des britanniques que le leadership maritime menacé par les croiseurs de Tirpitz. Or, avec la dissuasion nucléaire, la guerre préventive à l'origine de l'extension du conflit de 1914 aurait été impossible, l'inviolabilité des frontières étant précisément assuré par la menace d'une riposte impitoyable.   

La consolidation de la paix depuis 1945 n'est d'ailleurs nullement spécifique au théâtre européen. En effet, la Chine nucléaire et le Japon sous protection américaine demeurent également en paix malgré un lourd contentieux historique. L'absence de conflit militaire entre la Russie et le Japon, pourtant opposés sur la question des îles Kouriles, ne procède nullement d'une hypothétique « construction asiatique », mais bien d'un équilibre stratégique entre puissances bénéficiant d'une sorte « d'assurance atomique ». Partout où les missiles nucléaires hérissent un territoire, la tentation belliqueuse connaît un hiver glacial.   

La soumission morale de l'Allemagne


Bien entendu, la différence majeure entre l'Europe et l'Asie réside dans l'état d'esprit de leurs populations : réconciliées en Europe, encore méfiantes voire hostiles en Asie. A défaut de paix, l'entente fraternelle pourrait être mise au crédit de la construction européenne ? En partie certes, mais pas uniquement, car sinon comment expliquer la position du général de Gaulle hostile à la perte de souveraineté et pourtant engagé avec Adenauer sur la voie de la réconciliation ? Même parmi les plus virulents adversaires de l'Union européenne, aucun n'aurait l'idée d'entrer en guerre contre les anciens ennemis d'hier.

En réalité, la disparition du désir de revanche après 1945 procède de l'expérience particulière de l'Allemagne : comme ce désir de revanche né de l'iniquité du traité de Versailles avait déjà conduit à une seconde guerre encore plus dévastatrice que la première, les allemands furent définitivement guéris de cette tentation aventureuse.   
La réconciliation européenne fut rendue possible par la capitulation morale de l'Allemagne qui perdit sa fierté nationale et l'envie de recouvrer sa souveraineté. La seconde guerre mondiale consistait aussi en une guerre civile avec son lot d'atrocités, et de nombreux crimes furent également commis contre les allemands. Mais les allemands sont le seul peuple à retenir essentiellement les crimes dont ils sont coupables et non ceux dont ils sont victimes. Le génocide oublié des minorités allemandes d'Europe de l'est, la purification ethnique de la Prusse, Silésie et Poméranie, l'extermination planifiée des populations civiles sous les bombes incendiaires des « avions de la liberté » sont autant de massacres au final imputés aux dirigeants allemands plutôt qu'à Churchill, Staline et Roosevelt. Que l'on se félicite ou non de cette culpabilisation préférentielle n'est pas la question : aucune autre nation n'a autant chargé sa conscience de malheurs d'une guerre dévastatrice. A l'inverse, la Turquie demeure fière de son passé malgré le génocide arménien et son impérialisme congénital, le Japon édulcore dans les livres scolaires sa responsabilité dans les massacres de Nankin, preuve que la rédemption de l'Allemagne est unique dans l'Histoire.      

Cette rédemption de l'Allemagne, probablement inspirée par ses racines chrétiennes, permit la réconciliation européenne. Mais les générations passant, le sentiment d'une dette morale s'efface progressivement, de sorte qu'il faille trouver une autre explication à la persistance de l'entente fraternelle entre les peuples européens du 21ième siècle.

Une entente réelle, mais relative

Cette supposée entente fraternelle s'avère d'ailleurs toute relative : contre toute attente, le projet de Constitution pour l'Europe fut rejeté par les français et hollandais qui signifièrent leur refus d'un rapprochement à n'importe quel prix. La solidarité européenne s'avère inexistante quand il s'agit d'exposer ses propres soldats, car sinon les européens auraient envoyé des troupes pour épauler la France dans sa lutte contre le terrorisme en Afrique.
 
Aujourd'hui les Anglais démontrent leur euroscepticisme avec le succès de l'UKIP et les Grecs accusent avec virulence les Allemands de leur sévère régime d'austérité. La pauvre chancelière Merkel caricaturée en nazie par des manifestants grecs démontre toute la limite d'une réconciliation fondée sur la rédemption allemande : à force de se charger de toutes les fautes, les allemands donnent aussi envie de les insulter. Moins violents peut-être, les jeunes français ne brillent guère par leur amour de la langue de Goethe, et les jeunes espagnols s'installent en Allemagne pour trouver du travail, non de la chaleur germanique.

L'appropriation populaire de l'euro n'indique même pas une adhésion européenne ni une lucidité économique, mais plutôt le désir de faciliter ses achats lors de ses vacances en Espagne ou Italie. De même l'espace Schengen est apprécié par la disparition des contraintes à la douane, ce qui ne signifie pas que les français soient heureux des camions espagnols congestionnant leurs autoroutes, ni de la concurrence des artisans polonais profitant de la directive Bolkestein.   

L'Europe démographiquement assiégée

Malgré ces réserves, un vague sentiment de solidarité anime les européens. Cette solidarité européenne, bien que froide et dépassionnée, procède essentiellement du sentiment d'une Europe assiégée par une mondialisation hostile. L'invasion des produits chinois, la concurrence impitoyable des pays à bas coûts, le dumping social qui déstabilise notre système de redistribution sont des motifs d'insatisfaction qui rapprochent nos économies confrontées aux mêmes difficultés.  

Mais plus qu'un déclin économique, les européens redoutent une marginalisation démographique face une planète surpeuplée. La proportion d'européens dans le monde s'est effondrée de 15% en 1900 à moins de 7% aujourd'hui, ce qui n'a jamais été vu selon le démographe Gérard-François Dumont car l'Europe a toujours constitué au moins le dixième de la population mondiale avant la « peste blanche » contemporaine. Comme la proportion des naissances extra-européennes s'élève déjà à 25% en France, ce taux de 7% cache en réalité un effondrement bien plus important des européens de souche ou « blancs » en voie de marginalisation. La proportion d'européens de souche pourrait bien alors atteindre 3% de la population mondiale en 2100, moins que le Nigéria.

Alors que l'Europe représentait au Moyen-âge le troisième foyer de densité humaine après la Chine et l'Inde, son poids démographique la placera bien après les deux Amériques et surtout l'Afrique qui comptera plus de 2 milliards d'habitants en 2100. Seule l'Océanie sera moins peuplée, ce qui n'est pas illogique puisque ce continent consiste essentiellement en l'Australie peuplée de blancs, du moins pour l'instant.

Pour une autre Europe protectrice 

Aussi, devant le sentiment diffus d'une Europe en déclin à cause de son impuissance démographique, les européens devront nécessairement renforcer leurs liens de solidarité. La critique des eurosceptiques ne porte d'ailleurs pas tant sur l'idéal européen, que sur une construction technocratique qui impose une vision libérale et mondialiste, alors que le monde menace justement de submerger l'Europe. Les européens demandent à Bruxelles plus de protection, or les élites répondent par toujours plus de dérégulation et d'immigration. Pour redonner envie d'Europe, les politiques doivent écouter les aspirations du peuple et nous protéger contre le grand remplacement de population qui se profile. Alors peut-être l'Europe redeviendra populaire.

 

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