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N'ayez pas peur d'une sortie de l'euro !

D'après les sondages, les Français redoutent une sortie précipitée de l'euro. Les séniors craignent le retour de l'inflation et l'érosion de leurs pensions suite à une dévaluation compétitive. Les plus jeunes voient l'aspect pratique d'une monnaie si facile à retirer d'un distributeur à Frankfort ou Ibiza. Les économistes issus des mêmes écoles agitent le spectre d'un cataclysme économique qu'ils avaient prévu à tort pour le Brexit ou la victoire de Donald Trump. Enfin les médias prétendument objectifs et pluralistes dénoncent sans nuance la fin de l'amitié européenne, l'apocalypse monétaire et le retour de la bête hideuse prête à dévorer la vierge aux douze étoiles.

Derrière tous ces fantasmes et phobies, un minimum de réflexion s'impose. Une première contradiction consiste à s'accorder sur les inconvénients de l'euro tout en refusant de questionner son opportunité. Le carcan d'une monnaie surévaluée impose un effort de compétitivité qui se traduit par une dévaluation des salaires, ce que propose en réalité le programme économique de François Fillon. Il existe pourtant un moyen plus juste et plus efficace pour reconquérir cette compétitivité qui nous échappe, en l'occurrence une dévaluation monétaire permise par la sortie de l'euro.

L'euro, un mal connu de tous

Tous les économistes s'accordent pour critiquer l'inconvénient d'une monnaie unique partagée par des pays qui ne présentent pas le même profil économique. L'euro fort bénéficie clairement aux entreprises allemandes qui augmentent leurs marges tout en se préservant de la concurrence par la qualité de leurs produits. Le monde entier se presse pour acheter leurs machines-outils ou leurs automobiles de luxe, le coût intervenant à la marge dans la motivation de leurs clients.

A l'inverse, des pays comme la Grèce, l'Espagne ou le Portugal ne disposent pas de domaines d'excellence justifiant un coût élevé de leurs produits. Une monnaie forte réduit donc fortement leur compétitivité à l'exportation, et les investisseurs renoncent à ouvrir des usines dans des pays dont les salaires en euro s'avèrent beaucoup plus élevés que leurs voisins marocains, bulgares ou turcs. Une désertification industrielle s'opère dans cette ceinture dépouillée de l'Europe, à peine compensée par un tourisme qui réduit leur économie à une carte postale estivale.  

L'absence de redistribution gratuite et désintéressée

Associé à l'espace Schengen, l'euro aspire les richesses humaines et financières vers l'Allemagne, au dépend d'une croissance saine et durable dans les pays méditerranéens. Les ingénieurs espagnols partent travailler dans la Ruhr, les plombiers portugais viennent exercer à Cologne. Le partage d'une monnaie unique accentue les inégalités territoriales, comme le montre l'exemple de l'Italie qui n'a jamais pu réduire la pauvreté du Mezzogiorno en imposant la lire entre la des régions aussi disparates que la Vénétie ou la Sicile.
   
Pourtant l'unité monétaire italienne s'avère moins dramatique que le cas européen, car l'Etat italien, comme toute nation responsable de son développement harmonieux, organise des transferts massifs de richesses au profit des régions pauvres. Mais l'Europe n'est pas une nation constituée, de sorte que les Allemands refusent tout transfert gratuit et désintéressé visant à compenser le privilège indu d'une monnaie adaptée à leur économie. Au contraire, les rentiers allemands concèdent seulement des prêts avec intérêts aux Grecs, autrement dit l'assurance d'un retour sur investissement malgré la détresse sociale qu'ils organisent. Mais comment un pays comme la Grèce pourrait-il rembourser un jour sa dette colossale ?

La réponse allemande est toute trouvée : par la limitation drastique des salaires, mêmes libellés en euro. Alors un cercle vicieux se met en place : les salaires baissent, les jeunes plein de talents émigrent en Allemagne, les créateurs de richesse se raréfient, l'économie s'appauvrit, la dette augmente, l'Allemagne demande une nouvelle baisse des salaires, et ainsi de suite?      

La dévaluation des salaires opérée par François Fillon

Ce mécanisme implacable d'appauvrissement généralisé au profit de l'Allemagne se retrouve dans le programme libéral de François Fillon. Certes la France n'est pas la Grèce, mais sa politique de dérégulation conduit à des effets comparables.  

Le projet de François Fillon consiste à réduire radicalement le poids de la fonction publique, en particulier à diminuer drastiquement le nombre de fonctionnaires. L'absence de recrutement de fonctionnaires, surtout dans les petites préfectures dénuées de secteur marchand compétitif, débouchera sur une explosion du chômage qu'accentueront la faible mobilité des Français et le maintien d'un filet social avantageux.

L'augmentation du chômage, associé à une immigration de peuplement toujours aussi intense, pèsera sur le niveau général des salaires chez les ouvriers et petits employés. A l'exception d'une petite minorité de médecins ou experts informatiques, la politique libérale de François Fillon réduira le pouvoir d'achat des Français modestes et accentuera les inégalités salariales entre les gagnants et perdants de la mondialisation.  

La France n'étant pas l'Allemagne, notre faible tissu de PME ne permettra pas de prendre le relai d'un agent public démissionnaire. La fascination de François Fillon pour le modèle britannique semble ignorer les ravages sociaux produits durant l'ère Thatcher ainsi que les clivages territoriaux encore manifestés durant le Brexit. Pire encore, la faible croissance internationale et le ralentissement de la Chine fragiliseront un secteur marchand à l'exportation qu'entravera toujours un euro surévalué.

Avec le retrait de l'Etat investisseur, le niveau excessif de l'euro constitue bien une raison fondamentale à la faiblesse française et plus généralement à l'anémie des pays méridionaux de l'Europe. Alors pourquoi ne pas envisager sa disparition ?      

Le scenario d'une sortie de l'euro  
 
La disparition soudaine de la zone euro aurait des répercussions certes déstabilisantes pour les rentiers allemands, mais pas forcément catastrophiques pour les économies européennes.

Concernant la France, comme l'euro est surévalué de 8% par rapport à une hypothétique monnaie nationale, les importations se renchériraient d'autant, entamant effectivement le pouvoir d'achat des Français pour les produits étrangers.

Mais la différence avec la dévaluation des salaires proposée par François Fillon, c'est que le pouvoir d'achat des Français pour les produits hexagonaux resterait inchangé, puisqu'une dévaluation ne modifie pas les rapports internes entre les acteurs économiques d'un même pays. Le coût des produits alimentaires, l'électricité ou l'immobilier serait faiblement impacté par une sortie de l'euro, alors que ces postes constituent la majeure partie des dépenses intéressant les Français. Certes le pétrole devrait coûter 8% plus cher, mais le prix de l'essence à la pompe est constitué à 75% de taxes, de sorte que l'inflation de l'essence ne devrait pas dépasser 2% à taxation brute égale.   

De même le consommateur français se tournerait naturellement vers des substituts hexagonaux aux produits étrangers devenus onéreux, optant ainsi pour une voiture française au lieu d'une berline allemande. Les amateurs de Porsche Cayenne seront effectivement les grands perdants d'une sortie de l'euro, mais la politique économique doit-elle se déterminer sur les désirs consuméristes d'une fraction aisée de la population ?

La dislocation de la zone euro devrait même abaisser le coût de certains produits importés. En effet, l'Espagne et le Portugal dévalueraient plus que la France, de sorte que les produits issus de ces pays, par exemple les fruits et légumes, seraient plus accessibles. De même, les marques italiennes deviendraient plus abordables. Il n'est donc pas exact d'affirmer qu'une dislocation de la zone euro aboutirait à une inflation de tous les produits importés.  

De manière générale, l'inflation des produits étrangers n'est pas forcément une mauvaise nouvelle car elle contribue à la lutte contre le gaspillage, par exemple énergétique, et ouvre de nouvelles perspectives aux produits français. Mais la sortie de la zone euro se justifie surtout pour notre compétitivité à l'exportation.   

La dynamisation de notre économie


Une sortie de la zone euro rendrait nos produits très compétitifs pour les marchés allemand, britannique ou américain. Tous nos efforts de productivité seraient décuplés avec une dévaluation monétaire dont les effets sont immédiats. Nos produits de moyenne gamme pourront conquérir de nouvelles parts de marché à l'exportation, bénéficiant d'un coût adapté à leur qualité. Sur le long terme, l'élargissement de nos parts de marchés rendrait envisageable une montée en gamme progressive, surtout si l'Etat stratège soutient des investissements stratégiques dans des domaines de pointe comme le militaire, l'aérospatial et l'énergie.  

A court terme, l'ouverture de nouvelles perspectives à l'exportation créerait de nouvelles offres d'emplois. Des recrutements massifs contribueront à la résorption du chômage, pourvu bien sûr qu'une politique restrictive de l'immigration soit appliquée et que le filet social soit recentré sur les nationaux en véritable situation de détresse. La hausse du SMIC et la limitation du RSA rendrait plus incitatif la reprise de l'emploi. La fin de l'immigration et de ses coûts engendrés soulagerait les comptes publics, rendant possible un allègement des charges pour les PME.

La peur d'une sortie de l'euro, un réflexe de retraités

Mais pourquoi les européens redoutent-ils une dislocation de la zone euro, alors qu'elle bénéficierait à toutes les populations européennes, et peut-être même aux Allemands qui pourraient ainsi réévaluer leur monnaie ? Outre la propagande europhile des médias, il semble bien que le vieillissement de l'Europe soit la raison structurelle à cette phobie.

Majoritairement âgés, les européens n'acceptent pas le risque comme les jeunes générations, et l'euro donne le sentiment d'une protection certes fallacieuse mais confortée par l'habitude. Or la fin de l'euro signifie de nouvelles perspectives, certes exigeantes mais potentiellement plus vastes que le dépérissement organisé autour de l'Allemagne. D'une certaine façon, l'euro est une monnaie d'allemands retraités qui aspirent à la fin de l'histoire.

Contre cette tendance, les Européens doivent démentir leur propre extinction en redonnant confiance à l'action, au courage et à la reprise en main de leur propre destin. La sortie de l'euro, tout comme la réhabilitation de l'Etat stratège et la promotion de notre identité, sont les instruments de cette politique de renaissance nationale.  

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