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La subsidiarité, troisième voie entre libéralisme et socialisme

Prenant son essor depuis la chute du mur de Berlin, le libéralisme semble constituer le seul horizon indépassable à travers les cinq continents. Certes, l'économie de marché a favorisé l'émergence d'une classe moyenne et contribué à la démocratisation des biens courants de consommation. Mais la fameuse« main invisible du marché » évoquée par Adam Smith semble impuissante à résorber la disqualification des métiers peu qualifiés, ou encore à irriguer un développement durable. Pire encore, le libéralisme économique s'accompagne logiquement du libéralisme sociétal, ouvrant la porte à des bouleversements brutaux qui ruinent les équilibres naturels de nos sociétés.

Les dégâts collatéraux du libéralisme

La réduction des rapports humains à l'échange marchand produit des effets sociétaux violents, comme l'immigration massive, le communautarisme islamiste, la procréation pour autrui, la pornographie, la banalisation de la drogue. Tous ces effets collatéraux résultent d'un libéralisme qui ne poursuit pas le bien commun mais le profit particulier, de sorte que les fondements naturels comme la nation et la famille sont sacrifiés sur l'autel de la rentabilité immédiate. Quoi de plus simple de recruter un immigrée corvéable à merci plutôt que d'investir dans la formation de nos jeunes ? Pourquoi préserver notre indépendance énergétique alors que le pétrole saoudien coule en abondance, même si cette facilité contribue au financement des mosquées salafistes ? Pourquoi se limiter à la procréation naturelle puisqu'il existe une demande, l'équilibre psychologique de l'enfant étant renvoyé aux générations futures ? La pornographie ne constitue-t-elle pas un marché très lucratif, et tant pis pour l'image dégradée de la femme qui contribue à l'explosion statistique des viols ?    

Une prise de conscience tardive mais réelle

Cependant, cette négation de la loi naturelle reposant sur la nation et la famille est de plus en plus contestée, bien que de manière disparate et souvent contradictoire. En France, la Manif pour Tous défend courageusement les valeurs familiales mais rechigne à admettre que l'origine du mal procède du libéralisme revendiqué par le catholique François Fillon. Aux Pays-Bas, le Parti de la Liberté défend courageusement la nation, mais s'accorde avec les évolutions sociétales qui stérilisent une société d'autant plus exposée au choc migratoire.

Le même phénomène existe aux Etats-Unis, avec une prise de conscience populaire contre certains effets de la mondialisation libérale, en particulier l'immigration des Latinos et le trafic de drogue issu de l'Amérique du sud. L'ascension de Donald Trump coïncide avec la révélation d'études démographique qui confirment d'une part que les nouveaux-nés blancs sont devenus minoritaires au pays de l'oncle Sam, d'autre part que l'espérance de vie des Blancs avait baissé à cause de la consommation de stupéfiants. Le libéralisme et son anesthésiant social, le multiculturalisme, sont donc bien l'opium qui euthanasie progressivement les peuples désormais en révolte contre les élites.    
 
Cette révolte prend des formes différentes en fonction des culturelles nationales et de l'état de décomposition sociale. Néanmoins, elles s'accordent pour dépasser l'intégrisme libéral, sans tomber dans la rigidité du socialisme. Le désir de protection s'accorde avec l'acceptation de la modernité, pourvu qu'elle ne détruise pas les fondements naturels à toute société. Aussi une troisième voie consiste en la conjugaison d'un Etat fort sur les aspects régaliens mais flexible à échelle locale, selon le principe de subsidiarité.  

La subsidiarité, un concept adapté à la crise libérale


Dès la fin du XIXième siècle, la doctrine sociale de l'Eglise a été la première à énoncer ce concept dans la cadre de l'encyclique « Rerum Novarum ». Son principe est simple : il s'agit de déléguer le pouvoir au plus proche de ses bénéficiaires sans que son efficacité ne soit altérée. C'est seulement quand cette délégation locale contribue à l'impuissance que la mutualisation des pouvoirs à un échelon supérieur devient possible.

Certes la subsidiarité est souvent descendante, c'est-à-dire concédant du pouvoir aux citoyens eux-mêmes qui subissent l'inertie ou la lourdeur des institutions lointaines. La subsidiarité favorise ainsi la petite économie, la liberté des artisans, la liberté d'enseignement.

Mais contrairement à une idée reçue, la subsidiarité peut aussi être ascendante, renforçant au contraire la nation s'agissant des fonctions régaliennes comme la sécurité, la justice ou encore la stratégie industrielle.

Dans tous les cas, la subsidiarité est conforme à la loi naturelle et veille à la préservation des corps intermédiaires naturels comme la famille et la nation.

La subsidiarité au service de la famille

La subsidiarité veille à la préservation de valeurs familiales solides afin de contribuer à la transmission de notre héritage moral et culturel. L'importance du noyau familial comme premier cercle de l'apprentissage de la vie suppose que la contre-culture issue de mai 68 libère définitivement son emprise sur les consciences. La subsidiarité s'oppose donc au libertarisme des médias, et multiplie les garde-fous contre le mauvais usage d'Internet qui empoisonne l'éducation des enfants.      

L'école publique, avec son idéologie égalitariste issue du marxisme, véhicule un esprit de revendication qui s'oppose aux valeurs d'obéissance et d'autorité dont l'apprentissage s'effectue normalement au sein de la cellule familiale. Ces valeurs de transmission entre le maître et l'élève, qui constitue la prolongation naturelle à celles liant le père et le fils, demeure pourtant d'une importance capitale pour la réussite des élèves, comme le démontrent les rapports Pisa qui plébiscitent la méthode asiatique, fondée sur la verticalité du savoir, sur la méthode occidentale, perdue dans l'horizontalité du « vivre-ensemble ».  

Face à la crise égalitariste de l'école publique, la subsidiarité préfère l'adaptation du cursus scolaire aux talents particuliers de l'élève. Elle ne cherche pas à promouvoir une seule vision de la réussite sociale mais favorise autant la transmission des valeurs morales que l'intégration économique de l'élève, qu'il devienne ingénieur ou charpentier. En clair, la subsidiarité refuse le carcan du collège unique et s'oppose à la multiplication des matières pour se recentrer sur l'apprentissage des fondamentaux. Ces fondamentaux, en particulier la maîtrise de la langue, sont une condition d'intégration au sein de la communauté nationale.  

La subsidiarité au service de la nation


Conformément à la loi naturelle, la subsidiarité accepte le rôle des nations comme élément fédérateur d'un peuple uni par sa langue, sa culture, son ethnie et son histoire. Malheureusement le principe de subsidiarité a été dévoyé par l'Europe libérale pour détruire les nations. Pourtant la mutualisation de l'ensemble des pouvoirs régaliens au domaine européen s'oppose clairement au principe de subsidiarité qui privilégie l'exercice du pouvoir à une échelle locale.

La gestion calamiteuse de l'invasion migratoire de 2015 par les instances européennes prouve bien que l'Europe n'est pas l'échelle adaptée à la protection des frontières. Ce désastre historique, dont les générations futures payeront le prix fort, enlève toute légitimité à la construction européenne censée nous protéger contre les agressions du monde extérieur. A l'inverse, les nations peuvent exercer plus facilement le contrôle aux frontières, car culturellement et institutionnellement mieux armées pour défendre un espace géographique. La fin de l'espace Schengen et le retour des frontières correspondent à la mission régalienne d'une nation assurant la sécurité et la cohésion nationale minée par l'immigration massive. Les frontières permettent également de freiner le trafic de drogue et la criminalité essentiellement due à des gangs étrangers. Les attentats du Bataclan n'auraient jamais été possibles si la frontières franco-belge avaient été tenue, et les terroristes islamistes auraient eu plus de difficulté à se mouvoir dans un espace limité.

Mais l'importance des nations ne réside pas seulement dans les fonctions de sécurité et de cohésion interne. Pourvu qu'elles soient assez vastes comme la France, l'Allemagne ou l'Italie, les nations disposent à la fois de plus d'autorité mais aussi de flexibilité pour irriguer le développement économique.      
 
La subsidiarité au service de l'Etat stratège

Comme dans le domaine institutionnel, la subsidiarité appliquée à l'économie peut se traduire par deux mouvements apparemment contradictoire, ascendant ou descendant, qui sont en réalité complémentaires et promeuvent d'une part l'intervention de l'Etat, d'autre part l'économie locale.

La période faste des Trente glorieuses s'est traduit par une intervention de l'Etat qui a permis le développement du nucléaire, de l'aérospatial et du ferroviaire. La capacité de prélever l'impôt permet aux Etats de susciter une demande publique qui, si elle est orientée vers les projets d'avenir, suscite des investissements stratégiques à forte valeur ajoutée. Du fait de sa mission régalienne, en particulier l'exercice de la défense nationale, l'Etat peut donc contribuer à l'émergence de nouvelles technologies dont l'application civile verrait le jour dans un second temps. Le développement des drones, la robotisation des véhicules de combat, les lasers de défense, la géolocalisation, la sécurité informatique sont autant de secteurs innovants dont l'émergence résulte de l'Etat stratège. Les investissements nécessaires au dépassement des verrous technologiques sont de plus en plus élevés, nécessitant le concours décisif d'un Etat qui ne regarde pas le profit immédiat des actionnaires mais veille au bien commun. Certains regroupements d'Etats peuvent s'opérer pour soutenir de vastes programmes de recherche et développement, mais avec la contrainte de l'efficacité et de la capacité décisionnelle. Airbus Industries procède d'une intention louable mais demeure plombé par un émiettement du pouvoir qui aboutit à des situations ubuesques, comme la construction des ailes de l'A380 à 500km de son assemblage, ce qui prouve que la coopération internationale, bien que possible, n'est pas toujours la solution la plus efficace.

La subsidiarité au service de la petite économie

Car la subsidiarité appliquée à l'économie se méfie des mégastructures qui consomment du temps et écrasent les initiatives locales. La subsidiarité s'oppose à la logique de concentration des multinationales qui écrasent les entreprises dont la taille plus réduite favorise la proximité avec les consommateurs et salariés. La subsidiarité veille à la préservation d'un tissu de PME qui irriguent l'économie locale et demeurent la meilleur réponse au chômage de masse. La subsidiarité préfère un véritable dialogue social fondé sur l'intérêt réciproque de l'entreprise et des travailleurs, plutôt que la discorde produite par l'éloignement entre patrons internationalistes et syndicats idéologues.

Concrètement, un tel principe conduirait à la baisse des charges et de l'impôt sur les PME, à la réservation des commandes publiques aux PME nationales, à l'interdiction de l'évasion fiscale, à l'introduction d'une taxe sur les produits délocalisés, à la défiscalisation des heures supplémentaires, aux accords d'entreprises plébiscités par les salariés.

Le faible contre le fort, le proche contre le lointain

De manière générale, la subsidiarité protège le faible contre le fort, le petit contre le gros, le proche contre le lointain. Sans verser dans l'excès, la subsidiarité est donc conforme à l'humanisme comme à la loi naturelle qui promeut la famille et la nation selon une vision organique d'une société vivante mais fragile.

Mais quels sont les mouvements politiques se référant réellement à ce principe ? En adhérant au libéralisme, la droite parlementaire bafoue une subsidiarité qu'elle revendique pourtant. Le libéralisme, qui a tant brutalisé les couches populaires sous l'ère Thatcher, est l'ennemi de l'harmonie sociale développée par le respect des équilibres naturels. D'un autre côté, le socialisme cherche à détruire une subsidiarité contraire à son égalitarisme dogmatique. Ni libérale, ni socialiste, le principe de subsidiarité cherche donc sa voie, probablement porté par des courants politiques nouveaux, à la fois fermes sur la nation et attentifs aux initiatives locales. La droite nationale incarne probablement le mieux cet équilibre entre exigence collective et liberté.

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